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Dans le monde
Allemagne : après les annonces de Volkswagen
Après ceux de la chimie (BASF) et du bâtiment, ce sont les dirigeants de la puissante industrie automobile et sidérurgique (ThyssenKrupp) qui annoncent des milliers de licenciements et de possibles fermetures d’usine en Allemagne.
Cela vient après l’annonce brutale de la fermeture d’une usine Audi, filiale du groupe VAG (Volkswagen) en Belgique. S’agissant de Volkswagen elle-même, qui reste une des marques les plus vendues au monde et compte près de 130 000 salariés rien qu’en Allemagne, l’annonce a causé un choc.
Ses travailleurs pouvaient se sentir un peu protégés par la puissance de la marque, par des salaires un peu meilleurs que dans d’autres secteurs et par un prétendu contrat de « paix sociale » datant de 1994, signé par leur patron et le syndicat IG Metall et censé garantir l’emploi. VW et la direction du syndicat IG Metall s’enorgueillissaient d’un accord-phare, de la collaboration paisible entre patronat et représentants des salariés. En fait de paix sociale, le patronat s’en est servi pour faire accepter des reculs aux ouvriers : en contrepartie du maintien des emplois, le syndicat a entériné des attaques permanentes sur les salaires, les horaires et conditions de travail. Et aujourd’hui VW fait voler en éclats la fable de la collaboration.
La direction de VW invoque la crise générale de l’économie, les marchés solvables saturés, les coûts de l’énergie, les barrières protectionnistes. La baisse des ventes sur le marché chinois est liée au fait que les producteurs chinois concurrencent désormais les constructeurs occidentaux, produisant eux-mêmes et à moindre coût, notamment les véhicules électriques. Cela concerne pour l’instant uniquement le marché chinois : ailleurs, la part de marché de VW reste identique.
En 2023, VW a fait un bénéfice net de 18 milliards d’euros, en hausse. Pourquoi alors ces annonces brutales ? Les patrons de VW expliquent tranquillement que le présent est une chose, mais l’avenir est bien plus important. En clair, ils veulent garder la même marge opérationnelle (6 %), le même taux de profit malgré le recul attendu des ventes. Et pour cela, selon la logique patronale, c’est aux travailleurs de payer, peut-être par des licenciements et la fermeture de deux usines, ou par de nouveaux reculs sur les conditions de travail et les salaires. Et ce sera au moins aussi violent pour les dizaines de milliers d’ouvriers, dont les patrons dépendent de VW, chez les fournisseurs, les sous-traitants et bien sûr pour les travailleurs intérimaires.
Pour l’instant, VW n’a rien annoncé de précis, mais la brutalité volontaire, y compris dans la méthode employée vis-à-vis du syndicat, est déjà un coup de massue porté aux salariés pour leur signifier que les temps seront durs, et aussi un signal au gouvernement, pour obtenir encore de l’argent public. Celui- ci a très bien compris le message : en réponse aux menaces de licenciements, il a immédiatement promis de nouvelles aides et subventions.
C’est dans ce contexte que les négociations salariales viennent de s’ouvrir pour les usines VW situées à l’ouest de l’Allemagne – car à l’est, les ouvriers ne bénéficient toujours pas, trente ans après la réunification, de la convention « maison ». De premières manifestations ont eu lieu, avec des pancartes comme : « Aucune fermeture d’usine » et « Les sacrifices ne nous ont encore jamais rien apporté. » Effectivement, et les travailleurs ont payé pour le savoir. L’ouverture des négociations est au calendrier pour l’ensemble de la métallurgie. Les travailleurs de VW, des autres constructeurs automobiles tels que BMW, Daimler Benz, des fournisseurs tels que Bosch, ZF et Continental subissent des attaques semblables et ont les mêmes intérêts. Ils vont avoir l’occasion de se faire entendre.