Barnier : creux comme toujours, réactionnaire comme rarement02/10/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/10/P3-1_barnier_soit_de_la_boite_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C173%2C450%2C427_crop_detail.jpg

Leur société

Barnier : creux comme toujours, réactionnaire comme rarement

Mardi 1er octobre, le Premier ministre Barnier a fixé son cap devant les députés. Il a certes commencé par dire que les plus riches et les grandes entreprises seront mis à contribution, exceptionnellement, pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État.

Illustration - creux comme toujours, réactionnaire comme rarement

Qui, combien, comment ? Voilà un mystère aussi bien gardé que les coffres des capitalistes. Tout au long du discours, aucune des économies envisagées pour réduire le déficit public ne concerne les cadeaux faits au grand patronat, toutes retomberont donc directement ou indirectement sur la population, comme à l’accoutumée.

Aux travailleurs, Barnier offre une augmentation de 2 % du smic au 1er novembre, c’est-à-dire la misérable augmentation déjà évoquée cet été et de toute façon obligatoire au 1er janvier. Pour le reste, les salariés, les retraités et les pensionnés attendront l’issue d’un dialogue social renouvelé entre les confédérations syndicales et le patronat. On a rarement vu une baudruche aussi plate. Les services publics continueront à dépérir et, faute d’avoir les moyens d’embaucher, ils en seront réduits à demander aux retraités, enseignants ou médecins, de reprendre le collier.

Barnier, qui a besoin du vote ou de l’abstention des députés pour que son gouvernement ne soit pas censuré, a fait appel à leur sens du compromis en leur offrant des dragées très inégalement réparties. Si la gauche a dû se contenter d’un coup de chapeau au socialiste Rocard, cadeau peu onéreux, Barnier offre au RN le débat sur le changement de scrutin exigé par l’extrême droite, des possibilités nouvelles de participer à l’élaboration des lois. Ces hochets parlementaires sont enrobés dans la promesse, dont il a déjà donné des gages, de « respecter » le RN. Il honore surtout l’extrême droite en reprenant son vocabulaire, sur un ton à peine moins provocateur que celui de Retailleau, quant à l’immigration et à la sécurité. Il y aura donc plus de contrôles, aux frontières et dans la rue, plus de prisons et de prisonniers, plus d’amendes et de saisies sur salaire et sur allocation pour les payer. Précis pour une fois, le Premier ministre se propose de faire arrêter, juger, condamner et emprisonner sur le champ les délinquants mineurs. Il vise ici évidemment les petits voyous et ceux qui traînent avec eux dans les cités populaires, pas les industriels et les financiers qui ruinent les populations et détruisent la planète.

Barnier, consacrant quelques phrases à l’outre-mer, a parlé de la nécessaire lutte contre la vie chère dans ces régions. C’est un écho évident aux luttes actuelles en Martinique. Le Premier ministre a aussi accédé à certaines des revendications politiques qui mobilisent les Kanaks en Nouvelle-Calédonie depuis des mois, à travers de multiples manifestations et malgré une féroce répression policière et militaire.

Comment dire plus clairement que Barnier craint l’explosion sociale, semble la prévoir et céderait devant elle. Voilà qui constitue, pour les travailleurs, la seule information sérieuse de ce discours purgatif.

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