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Italie : tour de vis sécuritaire du gouvernement
Le 18 septembre, les députés italiens ont approuvé un nouveau décret-loi sur la sécurité publique. Censée garantir « la sécurité de tous », cette loi vise en réalité tous ceux qui contestent la politique du gouvernement.
Le « paquet sécurité », comme l’appellent les Italiens compte une trentaine d’articles, qui couvrent tous les domaines possibles, de la lutte contre le terrorisme à « l’occupation illégitime de l’espace public », en passant par l’interdiction du cannabis « light ».
Il s’agit surtout de transformer toute manifestation en délit et de renforcer les peines de prison déjà encourues. L’article 8, par exemple, menace de deux à sept ans de prison toute personne occupant illégalement un logement ou aidant à cette occupation. Il autorise également la police à expulser immédiatement les squatteurs. Quant à l’article 14, il introduit des sanctions pénales – qui peuvent aller jusqu’à deux ans de prison – pour « délit de blocage de routes ou de voies ferrées » et qui pourraient concerner tout gréviste manifestant devant son usine. Un amendement a été ajouté pour aggraver les sanctions visant les manifestations contre les grands projets, comme celles qui se sont succédé contre le projet de ligne de train à grande vitesse entre l’Italie et la France.
Une série d’articles vise particulièrement les immigrés et les réfugiés. Ainsi, les articles 26 et 27 introduisent un nouveau délit, puni de deux à huit ans de prison, pour « organisation ou direction de révolte » dans une prison ou un centre de rétention, même en cas de « résistance passive à l’exécution des ordres donnés ». Les détenus ou les migrants accusés du délit de rébellion peuvent en outre être privés du simple droit à un téléphone. Pour ajouter un petit bonus pour les forces de répression, la nouvelle loi les autorise à porter une arme personnelle en dehors de leurs heures de service.
Cet arsenal législatif s’ajoute à une série de lois prises par les précédents gouvernements de tout bord, en particulier contre les migrants et les associations leur venant en aide. On peut d’ailleurs remarquer que cette loi a été adoptée dans un Parlement où la gauche brillait par son absence. C’est qu’elle ne rechigne pas à emboîter le pas au gouvernement Meloni d’extrême droite, qui mise sur la démagogie sécuritaire et xénophobe et justifie son « paquet sécurité » par la nécessité de « chasser la peur des rues ».
Ce ne sont pas ces mesures qui empêcheront la montée de la violence et de l’insécurité qui empoisonnent la vie dans les quartiers populaires. Mais ce n’est pas le problème de Meloni, qui tente d’intimider par ces mesures tous ceux qui contestent sa politique et luttent pour leurs droits, dans la rue ou dans les entreprises. La meilleure réponse à donner à ces lois répressives sera donc de continuer tous les combats.