Mayotte : mutinerie dans les geôles coloniales02/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2931-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : mutinerie dans les geôles coloniales

Le 28 septembre une mutinerie a éclaté dans la prison de Majicavo, à Mayotte, à cause des conditions d’incarcération dues à la surpopulation carcérale.

Refusant de réintégrer leurs cellules après la promenade, des détenus ont pris des gardiens en otage avant de mettre le feu à leurs matelas. Si presque toutes les prisons françaises sont surpeuplées, faisant subir aux prisonniers des conditions de détention indignes, celle de Mayotte bat les pires records. Avec 636 détenus pour 278 places, la surpopulation carcérale atteint 230 %, le double de la moyenne de la métropole ! Concrètement, quatre ou cinq personnes s’entassent dans des cellules de 9 m², prévues pour une seule. Les télévisions, pour lesquelles les détenus doivent payer, sont hors d’usage et régulièrement la nourriture est en quantité insuffisante sans même parler de sa qualité.

Si les prisons mahoraises sont plus ignobles qu’en métropole, cela tient aux condamnations et à l’enfermement plus systématiques des auteurs de délits – parfois la simple situation irrégulière – dans une île où des dizaines de milliers de personnes, souvent très jeunes, souvent venues des Comores voisines, sont réduites aux expédients pour survivre. À ces conditions, s’ajoute le mépris général de l’État pour une ancienne colonie, devenue le département le plus pauvre du pays. Les opérations du type Wambushu ou « place nette », avec des descentes policières dans les bidonvilles et des rafles pour traquer les sans-papiers, ont contribué à remplir les prisons.

Des syndicats de gardiens de prison, confrontés au problème, mais aussi des élus mahorais, comme la députée Youssouffa, jamais en reste dans la démagogie sécuritaire, réclament la construction d’une deuxième prison ou le déplacement de certains prisonniers vers l’île de la Réunion voisine, ou la métropole. Mais construire plus de prisons ne résoudra pas l’essentiel : permettre à tous les habitants de Mayotte, avec ou sans papiers, d’avoir un emploi, un revenu décent et une vie digne.

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