Le nouveau ministre de l’Intérieur vomit une immigration qui aurait « bouleversé le pays depuis 50 ans ». Il promet d’expulser par dizaines de milliers en multipliant le nombre de détentions administratives et leur durée et en faisant pression sur les pays d’origine. Il revient à la charge contre l’aide médicale d’État (AME), pour la double peine, contre le regroupement familial et pour toutes les mesures vexatoires et arbitraires envers les migrants, quel que soit leur âge et leur situation, d’où qu’ils viennent et où qu’ils aillent, sans considération aucune pour l’enfer qu’ils fuient au péril de leur vie. Retailleau parle de « Français de papier », notion inconnue depuis Pétain et lourde de menaces pour des millions de travailleurs, propose de changer les lois pour faire appliquer sa politique et de modifier la Constitution pour pouvoir organiser un référendum sur l’immigration.

Nombre de commentateurs et de responsables politiques, y compris parmi ceux qui soutiennent ce gouvernement, remarquent que les mesures avancées par Retailleau sont, en plus d’être révoltantes, un tissu de stupidités, de mensonges et d’impossibilités. Pour ne prendre qu’un exemple, que serait le pays aujourd’hui sans le travail de générations d’immigrés exploités dans les usines, sur les chantiers, dans les services publics ? Qui a peiné pour que même un triste sire comme Retailleau roule en voiture sur une route asphaltée, dorme au sec dans un logement nettoyé, soit servi au restaurant et soigné à l’hôpital ?

En revanche, les diatribes du ministre de l’Intérieur ont été très bien reçues par l’extrême droite. C’est bien normal, elles ont été faites pour ça, afin d’assurer au gouvernement Barnier la neutralité bienveillante des députés du RN.

La gauche du Nouveau Front populaire et certains macronistes s’offusquent évidemment des propos de Retailleau, oubliant un peu vite qu’ils ont demandé à leurs électeurs de voter pour ses semblables… pour se protéger du RN.