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Autriche : la montée de l’extrême droite
Lors des élections législatives du 29 septembre en Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ est arrivé en tête – devant le parti conservateur ÖVP et le Parti social-démocrate – avec près de 29 % des voix exprimées, réalisant ainsi son meilleur score depuis que ce parti, qui réunissait au départ des anciens nazis, a été autorisé en 1949.
Lors des élections précédentes, en 2019, le FPÖ n’avait obtenu que 16,2 %. À l’époque il avait enregistré un recul important suite à l’affaire Strache, du nom de son ancien dirigeant, alors vice- chancelier… qui avait été filmé à son insu en train de se laisser corrompre. Pour un parti se présentant comme un champion de l’ordre « antisystème », cela faisait mauvais genre. Le FPÖ a réussi à faire oublier ce discrédit, en particulier en attirant d’anciens électeurs de l’ÖVP, qui dirigeait le gouvernement sortant avec les Verts et s’est usé au pouvoir. L’ÖVP a participé aux différents gouvernements de façon presque ininterrompue depuis 1987. C’est dans les régions rurales et périurbaines, où ce parti de droite domine habituellement, que le FPÖ progresse le plus.
Mais le pourcentage important de l’extrême droite est aussi lié au véritable apartheid électoral qui existe en Autriche, où de nombreux jeunes, nés dans le pays mais issus de parents immigrés, n’ont pas la nationalité, et donc pas le droit de vote, ce qui contribue automatiquement à renforcer le poids des voix réactionnaires. Que des travailleurs d’origine immigrée soient écartés du droit de vote n’est bien sûr pas propre à l’Autriche, mais cela y atteint des proportions colossales : selon de nombreuses associations, leur nombre serait aussi important que celui des électeurs du FPÖ ! Et, d’après la centrale syndicale ÖGB, 60 % des travailleurs de Vienne, la capitale, n’ont pas le droit de vote !
Pendant une campagne électorale bien loin des intérêts des travailleurs, le dirigeant du FPÖ, Herbert Kickl, qui a été ministre de l’Intérieur entre 2017 et 2019, a remué les idées les plus crasses, évoquant l’organisation d’un référendum sur la réintroduction de la peine de mort, parlant d’une « crise de l’asile » et de remigration, alors que le nombre de demandeurs d’asile est en nette régression depuis deux ans. Kickl a aussi mis en avant le thème du repli sur soi, de « la forteresse Autriche. » Ce fatras d’extrême droite s’ornait, sur les affiches, de moult citations de la Bible.
Qu’il en fasse partie ou non, le FPÖ sera donc en situation de peser sur l’orientation réactionnaire du prochain gouvernement. Cela frappera bien sûr la fraction immigrée de la classe ouvrière, mais pas seulement. Car sur le plan social, la feuille de route gouvernementale est déjà tracée. Et, comme partout en Europe, elle n’est guère originale : plan d’économies budgétaires de 12 milliards d’euros réclamé par la Cour des comptes ; augmentation du temps de travail à la demande du patronat, autorisation de la semaine de six jours et recul de l’âge de la retraite. Sans compter le chômage qui recommence à augmenter et les licenciements qui s’annoncent dans l’industrie.
Pas plus qu’un autre pays, l’Autriche ne peut échapper à la crise du capitalisme et au pourrissement d’une société malade. S’ils ne veulent pas en être victimes, les travailleurs autrichiens, quelle que soit leur origine, n’auront pas d’autre choix que de résister aux attaques de la classe bourgeoise et de ses politiciens.