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Liban : le Hezbollah subit la vengeance de Netanyahou
L’opération terrestre de l’armée israélienne et le déluge de feu qui a visé 6 000 cibles du Hezbollah réussiront-ils, comme elle le prétend, à écraser un mouvement qui apparaît décapité ?
C’est suite à l’occupation israélienne du sud du pays, en 1982, que le Hezbollah (« le Parti de dieu ») a surgi sur la scène politique libanaise. Ses milices bénéficiaient du soutien militaire et financier du pouvoir iranien et attiraient à elles une partie des Libanais, chiites mais pas seulement, qui étaient déterminés à combattre l’injustice de l’occupation. Ce parti islamiste, bien que profondément réactionnaire et anti-ouvrier, put trouver un écho auprès des plus démunis et s’implanter parmi eux grâce à ses actions caritatives et ses réseaux d’assistance organisés autour des mosquées. Mais ce fut aussi en assassinant les militants communistes qui lui faisaient concurrence.
La nouvelle guerre menée en 2006 par l’armée israélienne permit à Nasrallah de devenir un des dirigeants les plus populaires du Liban et du monde arabe. Après que l’aviation israélienne eut détruit une grande partie des infrastructures et rasé de nombreuses villes, les troupes de l’armée la plus puissante de la région furent tenues en échec par ses milices. Face à l’impuissance des États arabes, qui avaient subi défaite sur défaite, Nasrallah parla de « victoire divine », le Hezbollah put apparaître comme un pilier de la résistance à Israël et un champion de la cause palestinienne.
Au-delà même de la population chiite, le Hezbollah est apparu comme un rempart face à l’agressivité israélienne. C’est pourquoi même si Nasrallah ne faisait pas l’unanimité, sa mort a été un choc pour la population libanaise.
Au sein d’un État libanais déliquescent, marqué par les clivages confessionnels, le poids politique du Hezbollah s’est accru alors que le pays est affecté par de multiples crises. La guerre en Syrie a provoqué l’afflux de 1,2 million de réfugiés syriens s’ajoutant aux 250 000 réfugiés palestiniens présents depuis des décennies. Enfin, la crise financière, la corruption, l’explosion du port de Beyrouth en 2020, ont été autant de catastrophes qui ont plongé la population dans la pauvreté.
Si, le 8 octobre 2023, le Hezbollah a déclenché des tirs de roquette contre Israël, sa préoccupation était de conserver son image d’organisation combattante bien plus que d’aider les Palestiniens de Gaza. Il a montré qu’en fait il ne souhaitait pas se lancer dans un conflit frontal avec Israël et espérait qu’un cessez-le-feu à Gaza lui permette d’arrêter ses tirs. Il n’a cédé à aucune des provocations d’Israël, et se disait prêt à négocier un retrait de ses combattants au-delà du fleuve Litani, à quelque distance de la frontière israélienne. Un an plus tard, les bombardements israéliens ont déjà contraint un million de Libanais à fuir les zones de combat. Non seulement la politique du Hezbollah n’a pas desserré l’étau israélien à Gaza, mais elle a, tout comme la politique du Hamas, contribué à renforcer l’union nationale suscitée par Netanyahou en Israël au nom de la défense de sa population.