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Dans les entreprises
Stellantis : qui veut gagner des milliards ?
Après Renault qui a affirmé il y a quelques jours, être en « mode survie », Stellantis vient d’annoncer une baisse de ses objectifs financiers, ce qui a provoqué une chute de ses actions en bourse.
Cela s’inscrit dans un véritable matraquage médiatique sur « la crise de l’automobile » qui vise à faire croire que les attaques contre les travailleurs du secteur, les fermetures d’usines de constructeurs ou de sous-traitants seraient justifiées par un retournement de la situation du marché de l’automobile. Mais c’est un énorme mensonge !
Depuis 2020, les ventes mondiales n’ont pas cessé d’augmenter. Et les profits, eux, ont explosé grâce aux attaques contre les travailleurs. Au point que les entreprises réunies dans l’Association des constructeurs européens d’automobiles ont engrangé 130 milliards de profits en deux ans. Mais ils savent que le marché automobile n’est pas extensible à l’infini. Alors, depuis des semaines les prévisions sont à un ralentissement des ventes et la presse multiplie les formules catastrophistes. Ainsi Le Figaro du 1er octobre titrait « La descente aux enfers de Stellantis ».
À quoi ressemble donc cette « descente aux enfers » ? Simplement, qu’en 2024, au lieu de faire une « marge opérationnelle » de plus de 10 %, le groupe ne fera que 5,5 ou 7 %. La rentabilité financière pour les actionnaires sera donc un peu moindre que les années précédentes. Mais il n’y a aucune perte pour l’entreprise. Au contraire les profits continuent à être astronomiques. Au premier semestre 2024, Stellantis a encaissé 5,6 milliards d’euros de profits. Comme en 2023, sur la même période, il avait gagné 10,9 milliards, les actionnaires, les marchés financiers, les spéculateurs estiment qu’ils sont perdants ! Et certains retirent leurs capitaux pour trouver ailleurs un placement plus rentable.
Pour mesurer le niveau des profits, il faut se rappeler qu’en 2019, PSA avait fait un bénéfice jugé record de 3,2 milliards d’euros. La même année celui de Fiat s’élevait à 2,7 milliards. Depuis les deux constructeurs ont formé ensemble le groupe Stellantis. Si on compare donc ces bénéfices en 2019 avec celui de Stellantis en 2024, on se rend compte qu’en six mois le groupe a gagné autant que toute l’année 2019.
Ni Stellantis, ni les autres constructeurs automobiles ne sont pour l’instant en difficulté. Et encore moins leurs actionnaires. Mais, même quand les groupes industriels sont richissimes, ils sont dans l’obligation d’arracher des parts de marché aux concurrents pour continuer à faire grossir la masse des profits, sous peine que les financiers aillent voir ailleurs. Ils se mènent donc la guerre entre eux, avec la peau des travailleurs.
C’est pourquoi les travailleurs n’ont pas à choisir le camp de leur patron contre un autre, car dans tous les cas ils n’ont rien à y gagner.
Quand les affaires de certains constructeurs vont bien c’est parce qu’ils arrivent à exploiter suffisamment leurs propres travailleurs pour dégager plus de profits. Et quand les ventes s’écrouleront pour de bon, ce qui finira par arriver car c’est une loi du système capitaliste, les patrons feront payer aux travailleurs.
Les intérêts des travailleurs du secteur n’ont rien à voir avec les fluctuations du marché, réelles ou supposées. Plus ils en seront conscients, mieux ils pourront combattre ces requins.