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- Lutte ouvrière n°2931
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Nathalie Arthaud : : construire un parti communiste révolutionnaire
Il faut construire un parti communiste révolutionnaire. Un parti qui affirme que la société ne changera réellement qu’au travers d’une levée en masse des exploités et des opprimés décidés à prendre leur sort en main. […]
Il est peut-être difficile de l’imaginer aujourd’hui, mais il y a eu dans le passé de grands partis révolutionnaires. En même temps que le capitalisme, le prolétariat et une multitude d’organisations, des mutuelles, des syndicats et des partis ouvriers se sont développés. Beaucoup épousèrent les perspectives tracées en 1848 dans le Manifeste du parti communiste par Marx et Engels : celle d’une révolution ouvrière internationale. [...]
Ces partis, dont le PS en France, ont trahi cet idéal en 1914, quand ils renoncèrent à combattre la première guerre capitaliste mondiale et participèrent à l’union sacrée en envoyant paysans et ouvriers sur les champs de bataille. Mais après cela, le Parti communiste reprit le flambeau dans le sillage de la révolution russe et de la vague révolutionnaire qui déferla sur toute l’Europe dans les années 1920. La perspective révolutionnaire s’était, en effet, concrétisée en Russie où les paysans et les ouvriers avaient imposé leur propre gouvernement, chassé la bourgeoisie du pouvoir et des entreprises et commencé à réorganiser la société sur des bases collectives.
Cet élan fut stoppé par l’échec de la vague révolutionnaire, puis par la bureaucratisation du pouvoir soviétique et l’instauration de la dictature stalinienne. Et, dès les années 1930, le PC français, sous la tutelle de Staline, n’avait plus rien de révolutionnaire. Mais il continua à transmettre, malgré lui, du fait de son nom et de son rattachement à la révolution russe, l’idée qu’un jour les exploités, les ouvriers, les employés, toutes les petites mains de la société prendront le pouvoir comme en Russie et mettront fin à l’exploitation et aux classes sociales.
Réformer le capitalisme ou le renverser
Avec la chute de l’URSS et après des années de participation du PC à plusieurs gouvernements d’union de la gauche, cette perspective a régressé et a presque disparu des consciences. Tous les partis de gauche, comme les directions syndicales, se sont intégrés dans la société bourgeoise. Au lieu de militer pour renverser le système, ils se battent pour le gérer. Faisant croire qu’ils pourraient, eux, réformer le capitalisme et le rendre plus juste. Et c’est vrai aussi de La France insoumise de Mélenchon qui se donne un ton plus antisystème, mais qui nous ressert les mêmes vieilles recettes rassies de l’union de la gauche et du nationalisme. […]
Alors face à la barbarie actuelle, le problème ne consiste pas seulement à arracher quelques miettes aux capitalistes, leur faire payer un peu plus d’impôt ou de regagner deux années de retraite, il s’agit de les empêcher de nuire !
[…] Il faut construire un parti révolutionnaire qui en revienne aux perspectives communistes révolutionnaires. Que les travailleurs prennent le pouvoir politique, qu’ils exproprient les capitalistes des secteurs vitaux de l’économie, les banques, les grandes multinationales et commerciales et qu’ils réorganisent toute l’économie sur des bases collectives pour que chaque être humain puisse se nourrir à sa faim, disposer d’un toit, accéder à la santé publique et à l’éducation, sans être forcé de passer sa vie à trimer du matin au soir.
[…] Une chose est sûre, les crises qui nous attendent susciteront des réactions, feront bouger les consciences. Les périodes les plus sombres ont parfois accouché des plus grandes révolutions, c’est-à-dire des moments où des millions de femmes et d’hommes se transforment en combattants pour changer leur sort. C’est dans ces moments-là que les idées révolutionnaires peuvent s’implanter auprès de larges masses.
Et s’il y a ne serait-ce que le noyau d’un parti révolutionnaire, il y aura la possibilité de repartir de l’avant et de faire en sorte que les révoltes ne soient pas stériles ou dévoyées sur un terrain réactionnaire. Alors, même minoritaires, il faut maintenir vivantes les idées révolutionnaires, même à contre-courant, il faut avancer et être fiers de nos idées et de notre idéal !
[…] La révolution ouvrière ne peut s’arrêter aux frontières d’un État, comme l’a montré l’isolement puis la dégénérescence de l’URSS et finalement son éclatement. La bourgeoisie a établi son système à l’échelle du monde, c’est à cette échelle qu’il faudra le renverser. Il faut donc construire des partis révolutionnaires dans tous les pays et les relier dans une internationale avec le même objectif : supprimer la propriété privée sur les grandes entreprises, en finir avec la loi du profit et la concurrence et faire sauter toutes les frontières, qui datent du temps des calèches et de la bougie !
Nos convictions ne sont pas indexées sur le moral, la combativité et l’état d’esprit qui existe à tel ou tel moment dans la classe ouvrière. Elles sont basées sur les principes fondamentaux du marxisme : ce n’est pas d’abord les idées qui sont les moteurs de l’histoire, c’est la lutte des classes ; la classe ouvrière n’est pas seulement une classe souffrante et victime de l’injustice, mais une classe de révolutionnaires en puissance.
Ce qui fonde notre optimisme
Le capitalisme peut sembler triompher mais la concentration des capitaux dans les mains de quelques-uns et les multinationales qui étendent leurs tentacules sur toute l’économie, imposent, de fait, un fonctionnement de plus en plus collectif, centralisé et mondialisé de l’économie. Oui, n’en déplaise à Elon Musk, à Bernard Arnault et autres capitalistes qui se croient tout-puissants, en faisant travailler ensemble des centaines de milliers de personnes, ils préparent les bases pour l’avènement du communisme. Que la classe ouvrière renverse leur pouvoir et les exproprie, et elle aura entre les mains tous les moyens de construire la société de demain !
[…] Soyez convaincus qu’un état d’esprit, ça change. Où en était l’état d’esprit des paysans à la veille de la révolution française, en 1788 ? En Russie, à la veille de février 1917, où en était l’état d’esprit des femmes qui voyaient leurs enfants mourir de faim, l’état d’esprit des soldats qui servaient depuis trois ans de chair à canon ? Et qui peut dire où en est aujourd’hui l’état d’esprit des ouvriers des bagnes industriels chinois, et de ceux tout aussi féroces de Taïwan ou du Vietnam ? Où en est réellement la conscience des travailleurs ukrainiens et russes ?
Même s’il est impossible de mesurer l’esprit de révolte qui peut exister à tel ou tel endroit, une chose est certaine : il ne peut que grandir en réponse à la barbarie qui nous entoure. La guerre sociale se mène sans relâche et elle traverse le monde entier, opposant à une poignée de privilégiés des milliards d’exploités dont les plus gros bataillons se trouvent en Chine, en Inde et aux États-Unis. [...]
Ici, en France, nous ne constituons qu’un petit bataillon de la grande armée ouvrière mondiale. Mais nous avons un grand rôle à jouer, celui de diffuser et semer les graines révolutionnaires. Le feu couve sous la cendre. Regardez les feux de forêt, ils peuvent démarrer à un endroit, se propager sous la terre et resurgir des kilomètres plus loin. Les idées révolutionnaires l’ont montré, elles ont cette force-là. Alors, haut les cœurs, aidez-nous à construire le parti qui sera l’outil décisif pour changer le monde. [...]