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Leur société
Crèches privées : main basse sur l’argent public
Différents livres et enquêtes montrent comment les groupes privés, qui ont fait main basse sur la petite enfance, bénéficient de la complicité de l’État et des Caisses d’allocations familiales, y compris dans le détournement de l’argent public.
Ainsi, une bonne partie des crèches privées sont des crèches d’entreprise. Le prix du berceau peut aller de 10 000 euros à 20 000 euros par an. Mais en réalité 75 % du prix du berceau est déduit des impôts payés par les sociétés, souvent de grands groupes comme L’Oréal ou TotalEnergies. C’est autant qui est payé par l’État !
Cette déduction fiscale mise en place en 2004 a permis l’essor astronomique du secteur privé. Victor Castanet révèle, dans son livre, Les Ogres, que certains groupes de crèches privés vont même plus loin : elles montent des « contrats d’entreprise » avec des professions libérales ou des patrons de micro- entreprises situées dans des beaux quartiers qui utilisent le dispositif pour eux-mêmes ou leurs amis et non leurs salariés. Les tarifs explosent et peuvent avoisiner les 27 000 euros par an. Dans le même temps, les restrictions règnent dans les crèches publiques accusées d’être trop coûteuses.
L’autre pompage d’argent public concerne la falsification des heures de présence d’enfants dans les crèches confiées au privé en « délégation de service public ». D’après les calculs du journaliste, cela peut atteindre, pour le groupe People and Baby, plusieurs centaines de millions d’euros depuis 2014.
La Caisse d’allocations familiales finance quant à elle jusqu’à 80 % du montant des investissements lors de la création d’une crèche. Mais elle ne contrôle même pas la réalité de devis, qui sont réalisés en interne et non par des sociétés de bâtiment.
Pourtant, ni sur les fausses déclarations d’occupation des crèches ni sur le montant farfelu des travaux, malgré les signalements des lanceurs d’alerte, les dirigeants des CAF, ceux de la CNAF ou ceux de cabinets ministériels n’ont souhaité s’expliquer. Il ne s’agit pas, dans un secteur largement subventionné par l’argent public, d’un manque de contrôle, mais d’une complicité institutionnelle. Les mêmes administrations, qui sont impitoyables pour économiser le moindre euro quand il s’agit des demandes de personnel ou de fournitures, sont des victimes consentantes des agissements des groupes privés qui ont obtenu une « délégation de service public ».