Martinique : un accord au rabais à rejeter !23/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2934-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Martinique : un accord au rabais à rejeter !

En Martinique, après un mois et demi de mobilisation populaire contre la vie chère, un accord a été signé mercredi 16 octobre entre le préfet, président de la Collectivité territoriale (CTM), et les patrons de la grande distribution.

L’accord a été également paraphé par les élus locaux, députés et représentants des maires et différents représentants du patronat responsable de la vie chère. Il ne résout en rien le problème de la vie chère pour les dizaines de milliers de familles martiniquaises. Bien au contraire, il est perçu par beaucoup comme une forme de mépris vis-à-vis des masses laborieuses. Les représentants du RPPRAC (le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro- caribéens), association à l’initiative du mouvement social et qui est son seul représentant dans cette négociation, n’ont pas signé le protocole. Ils ont appelé à la poursuite des mobilisations pour que la baisse des prix concerne « tout l’alimentaire. »

Les capitalistes à la tête des grandes surfaces commerciales, riches békés pour une bonne partie, ceux-là-même qui, depuis des dizaines d’années se sucrent sur la tête des salariés de leurs entreprises et aussi des populations, semblent être les gagnants dudit accord intitulé « Protocole d’objectifs et de moyens : lutte contre la vie chère ».

En effet, la baisse de 20 % prévue sur 7 000 produits à compter de janvier 2025 résultera principalement de la suppression de la taxe régionale d’Octroi de mer et de la TVA accordées par la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) et par l’État. La grande distribution, importateurs grossistes et distributeurs, s’engage à répercuter ces baisses sur les prix de vente aux consommateurs, ce qui, disent-ils, diminuera leurs marges. Mais les marges et profits de ces gros capitalistes restent toujours cachés pour cause de secret commercial ! C’est dire qu’ils ne sont sûrement pas à plaindre. De plus, l’accord ne prévoit même pas de possibilités de sanctions pour les contrevenants. Belle opération donc pour ces gros possédants.

Les mesures de l’État, suppression de la TVA sur les familles de produits retenues et aides au transport dont le mécanisme et le montant restent flous, apparaissent en définitive comme des aides aux gros possédants et à l’armateur milliardaire CMA CGM, avec lesquelles le pouvoir en place envisage une sortie de crise. Même si, pour y parvenir, le préfet a fait rentrer deux nouvelles brigades de CRS…

Au soir du 16 octobre, préfet, patrons et élus se sont félicités de la signature du protocole, Serge Letchimy, le président de la CTM le qualifiant même d’« historique ».

Une partie de la population, elle, se montrait beaucoup moins confiante, voire mécontente de ce qui lui semble être un marché de dupes. Cela a d’ailleurs été amplifié après la publication des familles de produits concernés, écartant par exemple poulet, viande ou poisson frais, légumes autres que conserves, etc. Les travailleurs et les couches populaires devraient-ils accepter de se nourrir de conserves et de produits bas de gamme ? C’est un véritable mépris !

Samedi 19 octobre, plus de 2 000 personnes se sont pressées au rassemblement organisé par le RPPRAC pour décider de la suite du mouvement. Elles ont manifesté leur mécontentement et décidé de poursuivre les mobilisations. Des rencontres sont prévues avec les organisations politiques et les syndicats pour continuer à renforcer le mouvement et arracher la baisse de tous les produits de l’alimentation. L’organisation Combat ouvrier (Antilles-UCI) se trouve tout naturellement du côté des travailleurs qui se battent contre la vie chère, pour des augmentations de salaires, des pensions et minima sociaux, en exigeant la publication des comptes des possédants et la fin du secret des affaires !

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