Italie : les travailleurs de l’automobile dans la rue23/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2934-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Italie : les travailleurs de l’automobile dans la rue

Vendredi 18 octobre, près de 20 000 travailleurs de Stellantis et des entreprises sous-traitantes du secteur automobile se sont retrouvés pour manifester dans les rues de Rome.

L’appel commun des trois plus importantes confédérations syndicales comptait sans doute pour quelque chose dans le succès de la manifestation, mais elle traduit aussi et surtout l’inquiétude des travailleurs de Stellantis, unique constructeur à posséder des usines en Italie.

Du nord au sud du pays, de l’usine de Turin- Mirafiori, à celle de Pomigliano près de Naples, les ateliers se vident, les semaines, voire les mois de chômage technique s’additionnent. Parmi les intervenants à la fin de la manifestation, un délégué GGIL de l’usine de Pomigliano témoignait ainsi : « Certains de mes camarades de travail ont davantage l’impression d’être employés par la Prévoyance sociale que par Stellantis, car depuis plus de dix ans, ils sont plus souvent en chômage technique ou en contrat de solidarité, qu’à leur poste de travail. » Et il ajoutait : « Ce n’est pas une situation due à Tavarès et au mariage de FCA avec Stellantis. Parce que d’une marque à l’autre, de Fiat avant-hier à FCA hier en passant par Stellantis aujourd’hui, nous étions au chômage technique hier et sommes au chômage technique aujourd’hui. »

Des travailleurs des équipementiers étaient également présents : un délégué syndical de Lear, à Grugliasco en banlieue turinoise, a souligné que les ouvriers qui y fabriquent des sièges savent bien que leur sort est intimement lié à celui des travailleurs de Stellantis et appelait à un « combat commun pour nous garantir un avenir à tous ».

Sous le slogan « Changeons de vitesse, accélérons pour un futur plus juste », les dirigeants syndicaux se sont succédé à la tribune à l’issue de la manifestation. Mais loin de dénoncer les mensonges de Tavarès, qui pleure sur une chute historique des bénéfices quand 5,6 milliards sont rentrés dans les caisses au premier semestre 2024, ils ont repris, à quelques nuances près, le refrain de la « crise historique » du secteur automobile, pour en appeler à un plan industriel pour l’Italie. Tout en se réjouissant de l’unité entre tous les sites et entre les trois organisations syndicales, les dirigeants ont donné pour seule perspective aux travailleurs de revendiquer « une identité italienne à défendre ».

Les directions syndicales reprennent ainsi la chanson du patronat. Tavares ne réclame pas autre chose quand il explique qu’il attend du gouvernement italien qu’il « se donne les moyens de conserver les emplois » en investissant davantage dans les infrastructures de transport, dans la prime à l’achat d’un véhicule électrique, en fait en ouvrant le robinet d’argent public pour faire augmenter le pactole des actionnaires de Stellantis.

Pour défendre leur peau, les dizaines de milliers de travailleurs de l’automobile doivent avoir conscience que le « futur plus juste » ne dépend pas des promesses plus ou moins fumeuses de plans d’investissement dans le « joyau Fiat » que le gouvernement Meloni comme les directions syndicales appellent de leurs vœux. Il dépend au contraire de la riposte que les travailleurs de l’ensemble du groupe et des équipementiers doivent préparer pour exiger que les milliards de bénéfices accumulés sur leur dos servent à maintenir tous les emplois et à permettre une vie digne à tous.

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