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Leur société
Débat parlementaire : jeu d’acteurs autour du déficit
Depuis le 11 octobre, le débat à l’Assemblée nationale sur le budget est l’occasion pour les représentants des partis politiques de gouvernement de faire de véritables numéros de claquettes.
C’est à croire qu’ils découvrent le déficit du budget et même qu’ils voudraient éviter de faire payer les classes populaires.
Gabriel Attal et Gérald Darmanin ne se sont pas privés de faire état de leurs propositions, eux qui étaient encore au pouvoir quelques semaines auparavant ! À grands cris, des députés de tout bord, en particulier des députés LR qui ne veulent pas assumer seuls l’impopularité des mesures d’austérité du gouvernement Barnier, ont réclamé une commission d’enquête sur la « dérive des finances publiques ». Ils veulent faire porter la responsabilité sur l’ancien gouvernement en cherchant les causes du déficit supplémentaire de 50 milliards d’euros qui vient creuser une dette de l’État, qui atteint 3 200 milliards d’euros.
D’après ces députés, le déficit actuel serait le fait d’une mauvaise gestion qui mettrait le pays au bord du gouffre : il aurait fallu prendre des mesures d’économies budgétaires bien avant afin, selon eux, qu’elles soient moins douloureuses. Et l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire de renchérir en disant qu’il l’avait bien dit et qu’il réclamait de telles mesures depuis des mois. En se repassant ainsi la patate chaude du déficit budgétaire, ces politiciens montrent surtout leur hypocrisie. Cette commission d’enquête ainsi que toute la propagande de cet été sur le déficit public est bel et bien de la poudre aux yeux alors que tous sont prêts à le faire payer aux travailleurs.
En effet, aucun des politiciens en question n’évoque les subventions directes ou indirectes dont a bénéficié le grand patronat. Une étude universitaire datant de 2022 les estimait à 200 milliards par an. D’après la Chambre des métiers et de l’artisanat, il existe plus de 2 000 aides financières publiques qui arrosent le patronat. Et il est bien difficile de chiffrer ce qui chaque année part dans ses caisses, tant les exonérations ou niches fiscales sont nombreuses.
Cela, les politiciens de gauche peuvent le dénoncer à l’occasion. Mais eux aussi jettent de la poudre aux yeux avec leurs propositions sensées faire payer les plus riches. Ainsi les députés LFI et RN font de la surenchère en parlant de rétablir l’impôt sur la fortune (ISF). Mais il faut rappeler que cet impôt était surtout symbolique puisqu’il ne rapportait qu’un peu plus de six milliards d’euros chaque année et égratignait à peine la fortune capitaliste. Ils savent aussi parfaitement que le débat sur le budget a toutes les chances de finir avec un 49.3 et que ce ne sera que des paroles.
Tous ces députés appartiennent à des partis qui ont été au pouvoir ou rêvent d’y aller. Ils savent donc pertinemment que les recettes de budget de l’État viennent presque intégralement des classes populaires à travers les impôts et en particulier la TVA, l’impôt le plus injuste. Quant aux dépenses, la population n’en a pas vu la couleur et ils le savent aussi.
En plus des milliards de cadeaux fiscaux, toutes les dépenses publiques enrichissent d’une façon ou d’une autre les capitalistes privés. Sans parler des dépenses militaires qui non seulement sont une préparation à la guerre mais alimentent les coffres-forts des marchands de canons. Enfin, une fraction de la bourgeoisie s’enrichit à travers les prêts aux États, dont l’État français, proposés par les banques à des taux très élevés qui permettent de récupérer des milliards d’intérêts. Ces mêmes banques sauvées en 2008 de la crise par l’argent de l’État spéculent aujourd’hui sur sa dette pour rançonner la population.
Les seuls responsables de la dette et du déficit sont les grands patrons et les grands financiers. À eux de payer !