Iran : la combativité ouvrière ne se dément pas23/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2934-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran : la combativité ouvrière ne se dément pas

Commencée cet été, la lutte des infirmières et, avec elles, de tout le secteur de santé en Iran, s’est étendue à tout le pays. D’Ispahan à Téhéran, les manifestations se sont développées partout et reprennent sans cesse.

Fin septembre, 40 villes et 70 hôpitaux étaient touchés par le mouvement. Avec les autres travailleurs de la santé, depuis plusieurs mois, les infirmières demandent au gouvernement d’améliorer leurs conditions de travail et leur salaire dérisoire. De plus, les heures supplémentaires qu’elles sont obligées d’assurer sont impayées. « L’inflation est en dollars, nos salaires en rials » disent les infirmières. Un autre de leurs slogans est : « On ne veut plus mourir au travail », car plusieurs de ces femmes sont littéralement mortes d’épuisement, victimes du « karoshi », un stress chronique qui mène à l’épuisement total.

Le décès de trois de leurs consœurs en mars dernier, et le meurtre de Parvaneh Mandani, infirmière à l’hôpital de Sepidan, le 2 août, ont d’ailleurs attisé la révolte. Plusieurs infirmières en grève ont été arrêtées et sont menacées de licenciement par les employeurs alors que les intimidations des forces de répression se multiplient.

La lutte des infirmières et des travailleurs de la santé n’est pas isolée. En réalité, c’est dans tout le pays et dans de multiples corporations que les travailleurs font grève et manifestent pour des augmentations de salaires, face à une inflation galopante (plus de 60 % en rythme annuel) pour de meilleures conditions de travail, voire pour obtenir simplement le paiement de leurs salaires. Chauffeurs routiers, mineurs de cuivre ou de charbon, ouvriers du pétrole… chaque mois des travailleurs, actifs ou retraités, font grève ou manifestent.

Dans ce pays de 92 millions d’habitants, malgré les menaces, malgré les licenciements, les arrestations et parfois de lourdes peines de prison, la classe ouvrière n’a jamais cessé de se battre. Ces grèves restent sur le terrain de la défense des intérêts économiques des travailleurs. Mais, par leur existence même elles prennent un caractère politique face au régime très dur de la République islamique, surtout deux ans après la révolte de la jeunesse déclenchée par la mort de Mahsa Amini et la répression qui lui a répondu.

La classe ouvrière iranienne peut être une force immense si elle prend conscience de ses intérêts de classe, qui dépassent les frontières de l’Iran, si elle trouve la voie pour s’organiser en une véritable force politique. Elle peut non seulement bousculer le régime, mais même le renverser.

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