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Dans le monde
Union européenne : toujours pire contre les migrants
Lundi 14 octobre, la présidente de la Commission européenne, Ursula Van Der Leyen, a écrit aux 27 États membres en proposant une nouvelle législation qui aggraverait la chasse aux migrants.
Elle propose un système de « hubs de retour », constituée de centres d’expulsion situés en dehors des frontières de l’Union européenne, s’inspirant de l’accord signé en novembre 2023 entre la dirigeante italienne Giorgia Meloni et le Premier ministre socialiste albanais. Celui-ci a abouti à la construction de deux camps en Albanie censés recevoir environ 39 000 demandeurs d’asile chaque année, aux frais de l’État italien.
Mercredi 16 octobre, pour la première fois le gouvernement italien expulsait seize migrants arrêtés en Méditerranée vers ces premiers camps hors UE. Mais voilà que deux jours plus tard un tribunal italien invalidait la décision de rétention de ces migrants en Albanie, contraignant les autorités à les transférer aussitôt sur le territoire italien. Leur internement hors de l’Italie n’était en effet pas fondé en droit et, selon le tribunal, le gouvernement de Meloni avait outrepassé ses droits, un peu trop pressé de se débarrasser des migrants au point de s’asseoir sur ses propres lois ! Reste que les camps sont construits et que l’idée de déporter ainsi des gens qui n’ont commis aucun crime en dehors de fuir la misère, fait son chemin chez les dirigeants de la très démocratique Europe.
En effet, ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement européen essaye d’« externaliser » le traitement de la demande d’asile. L’ex-Premier ministre britannique Sunak avait aussi commencé à mettre en place un système d’expulsion des migrants vers des camps au Rwanda, avant de perdre les élections. Ces camps hors UE ne sont nouveaux que parce qu’il s’agit d’y expulser directement des personnes déjà arrivées en Europe et de traiter plus loin leurs demandes d’asile.
Les dirigeants européens délèguent déjà depuis longtemps la traque des migrants aux États de l’autre côté de la Méditerranée, notamment la Libye et le Maroc. De son côté, depuis 2015, la Turquie a reçu 11 milliards d’euros de financements de l’UE pour retenir et enfermer les migrants venus de Syrie et d’Afghanistan.
Faire des migrants la cause de tous les maux est une façon de faire oublier les vraies raisons de la catastrophe sociale engendrée par la gestion capitaliste de la société. Cette démagogie est de plus en plus débridée dans tous les pays européens, car elle permet aux politiciens de droite, d’extrême droite et même de gauche, de flatter les préjugés xénophobes d’une partie de l’électorat.
Mais malgré tous les dangers pour arriver en Europe et malgré les camps qui les attendent, des milliers d’hommes et de femmes continuent et continueront à chercher comment survivre en migrant et en devenant une partie significative de la classe ouvrière, en France et ailleurs. Que les gouvernements de toute l’Europe, les traitent comme des sous- hommes ou des criminels en puissance et leur appliquent des méthodes de plus en plus brutales montre jusqu’où ils sont prêts à aller. C’est un avertissement car demain les mêmes méthodes, voire les mêmes camps pourraient servir contre les travailleurs qui relèveraient la tête. Aucune carte d’identité, aucune citoyenneté ne les protégera contre la barbarie croissante de la société.