- Accueil
- Lutte ouvrière n°2929
- Viols de Mazan : révélateurs d’une société
Leur société
Viols de Mazan : révélateurs d’une société
Le procès des viols de Mazan a débuté lundi 2 septembre. Par l’ampleur des faits reprochés – des viols répétés pendant dix ans, avec soumission chimique –, par le profil « Monsieur-tout-le-monde » des 51 accusés à qui le mari offrait sa femme, ce procès n’est pas que celui d’un fait divers particulièrement sordide.
Gisèle Pélicot, la victime, fait du procès un combat et un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes, réclamant courageusement qu’il soit public, qu’il ne soit pas confiné au huis clos de la sphère intime comme si ce n’était qu’un drame privé. Les milliers de femmes et d’hommes qui ont manifesté samedi 14 septembre à l’appel d’associations féministes ont crié leur indignation face à une situation dramatique qui perdure. Plus de 200 000 viols ou tentatives de viol ont lieu en moyenne chaque année, dont seule une infime partie donne lieu à des dépôts de plainte, et une partie encore plus infime à des condamnations. Quant aux femmes tuées par leur compagnon ou ex- compagnon, rien que depuis le début de l’année, elles ont été 98.
Alors oui, on ne peut que se demander comment, au 21e siècle, dans une société prétendument développée, une telle barbarie est encore possible. Celle-ci n’est pas seulement le fait de l’agression des hommes. Elle est le fruit de toute une organisation sociale basée sur des rapports d’exploitation et de domination, et qui charrie et entretient de nombreuses idées réactionnaires. L’organisation de la justice, de l’éducation, de la santé, rien n’est pensé ni organisé pour combattre les préjugés et les attitudes sexistes. L’État entretient le conservatisme social en perpétuant un ordre basé sur la propriété et l’oppression. Les femmes sont bien souvent enfermées dans les liens du mariage – comme en témoignent les propos de certains accusés affirmant qu’ils ne pensaient pas commettre un viol, puisque le mari était d’accord. Bien des femmes sont enfermées dans la famille, l’immense majorité des tâches domestiques, reposant sur elles, notamment en ce qui concerne les enfants. Elles sont enfermées dans une dépendance économique et financière, subissent des temps partiels imposés, sont payées en moyenne 25 % de moins que les hommes. Si les violences sont commises par des hommes, elles sont encore de fait plus largement autorisées par cette société.
Au 19e siècle, le socialiste Charles Fourier affirmait qu’on peut mesurer le degré de civilisation d’une société au degré d’émancipation des femmes. Pour se perpétuer, la société capitaliste s’appuie sur toutes les barbaries et les préjugés les plus réactionnaires, le racisme, la misogynie. Ces violences ne cesseront qu’avec la transformation complète de la société, qui seule révolutionnera les rapports humains en mettant fin à la concurrence et à l’oppression. C’est pourquoi le combat pour les droits des femmes est indissociable du combat communiste.