Crèches : profitables sauf aux bébés18/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2929-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Crèches : profitables sauf aux bébés

Après les Ehpad, les crèches : après avoir dénoncé dans son livre « Les Fossoyeurs » la maltraitance dans les maisons de retraite du groupe Orpea, le journaliste Victor Castanet vient de terminer une nouvelle enquête, « Les Ogres », sur les conditions d’accueil des jeunes enfants dans certaines crèches privées.

Interviewé sur France inter le 17 septembre, la veille de la sortie de son livre, Victor Castanet a expliqué qu’il s’agissait de dénoncer une fois de plus la façon dont les plus vulnérables, les enfants ou les personnes âgées, sont traités dans une société « obsédée par la rentabilité ».

Son enquête a porté sur quelques-uns des groupes privés accueillant les tout petits, parmi lesquels People and Baby, dont une crèche à Lyon a connu un drame, avec la mort d’une petite fille par empoisonnement, ou le cas d’une autre crèche privée près de Lille où neuf enfants ont été victimes de maltraitances et de coups. Dans cette interview, l’auteur a rappelé comment l’optimisation des coûts mène aux économies de couches, de repas, de personnel, quitte à mettre en danger la santé et la sécurité des tout-petits. Il a évoqué également les liens entre la Fédération des crèches privées et l’ancienne ministre Aurore Bergé, qui se défend d’avoir eu de la complaisance envers les acteurs privés.

Ce n’est pas la première fois que cette situation fait la une de l’actualité : un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) publié en mars 2023 avait déjà dénoncé, après enquête dans toutes sortes de crèches collectives, la pénurie de professionnels, leur épuisement pouvant entraîner des carences affectives chez les enfants, des négligences ou des violences.

Toute la politique gouvernementale, depuis les années 2000, a consisté à se décharger de ce secteur social, parmi d’autres, en réduisant légalement le nombre d’encadrants et leur formation, donc leur paye, et en donnant aux groupes privés un accès aux subventions étatiques. Non seulement ces groupes ont prospéré grâce à leurs établissements propres mais ils ont aussi fourni à des municipalités et à des collectivités locales des services clé en mains, à bas-coûts, accessibles à leurs moyens réduits.

Tel est le résultat de cette mainmise des fonds privés sur le secteur social, pour leur plus grand bien, au prix de la dégradation des services, des crèches aux Ehpad en passant par l’hôpital.

Partager