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Dans les entreprises
L’Oréal : les actionnaires nagent dans les profits
Sur le site de Chevilly-Larue, dans le Val-de-Marne, la direction de L’Oréal a annoncé un gel des budgets d’ici à la fin de l’année, prétextant une baisse des ventes dans le luxe en Asie. Pourtant, pour les actionnaires, l’argent coule à flots.
Les résultats du premier semestre, publiés fin juillet, font état d’un « nouveau semestre de forte croissance et de sur- performance ». Le chiffre d’affaires de l’entreprise a crû de 7,3 %, avec un résultat net en hausse de 8,8 %, à 3,65 milliards d’euros. Cerise sur le gâteau, le conseil d’administration a décidé, d’ici à la fin de l’année, de racheter des actions pour un montant maximum de 500 millions. Les actions rachetées seront annulées, ce qui va faire faire gonfler artificiellement la valeur des actions restantes.
Si les résultats semestriels font apparaître une diminution de 1,7 % du chiffre d’affaires de la branche luxe en Asie, c’est en même temps une croissance à deux chiffres en Europe.
Ce n’en est pas moins un gel des budgets qui a été annoncé à Chevilly-Larue, où près d’un millier de salariés travaillent dans des laboratoires de recherche, et où la direction fait comprendre, dans les services, qu’il va falloir faire des économies sur tous les projets. Les salariés en contrats précaires se sentent particulièrement menacés : faute de budget, leur avenir dans l’entreprise pourrait être compromis à court terme.
Comme tous les capitalistes, les dirigeants de L’Oréal rognent sur les investissements pour accroître la part qu’ils consacrent à la spéculation : L’Oréal a dépensé ces dernières années des dizaines de millions pour acheter ou prendre des parts dans d’autres entreprises dont elle espère tirer profit. Fin 2023, c’était un investissement dans Shinehigh, une société chinoise, ou Lactobio au Danemark. Cette année, elle a déjà acheté Gjosa, une société suisse, pris un contrat de licence long terme de la marque Miu Miu, ou encore une participation dans Galderma.
Faut-il le rappeler, l’actionnaire principale de L’Oréal, Françoise Bettencourt Meyers, est aujourd’hui la deuxième femme la plus riche du monde, avec une fortune estimée à 84 milliards d’euros, en hausse de près de 7 milliards d’euros l’an dernier. Le groupe L’Oréal est si riche que son président, Jean-Paul Agon, qui n’est pourtant que salarié de l’entreprise, a pu s’offrir 500 millions d’euros d’actions, ce qui fait de lui aujourd’hui la 307e fortune française !
Ces masses invraisemblables d’argent proviennent exclusivement du travail de l’ensemble des salariés du groupe, ouvriers, techniciens et chercheurs, qu’ils soient en CDI, CDD, intérimaire ou apprentis, sans parler bien sûr des stagiaires et des entreprises sous-traitantes. Alors la moindre des choses serait qu’elles servent à augmenter massivement tous les salaires et embaucher tous ceux qui le souhaitent. Il est temps que les travailleurs de l’entreprise exigent leur dû.