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Brésil : Grève dans l'Éducation à Rio
Dans les deux villes, cela s'est terminé par des affrontements entre la police et les Black blocs, des « autonomes » pour qui une action est d'autant plus réussie qu'elle fait davantage de casse. Depuis plusieurs mois, toute manifestation est confrontée à la fois à la police et à ces casseurs. Mais jusqu'ici, cela n'a découragé personne de descendre dans la rue.
À Rio, deuxième ville du pays, les enseignants du public sont en grève depuis la première quinzaine d'août. Le réseau municipal, qui comprend quelque 1 600 écoles primaires et crèches, emploie 50 000 personnes, enseignants, secrétaires, cuisiniers, etc., et accueille 700 000 élèves. Le réseau de l'État de Rio comprend 1 300 établissements secondaires et 850 000 élèves. Ces établissements publics scolarisent les enfants des milieux populaires, les couches aisées inscrivant leurs enfants dans le privé. La grève semble suivie par les trois quarts des enseignants.
Les enseignants et autres personnels de la ville et de l'État ont des revendications similaires. Ils veulent de meilleurs salaires (augmentations de 19 % pour la ville, de 28 % pour l'État), un plan de carrière et de rémunération unifié, des recrutements par concours et non par contrat ; ils refusent les primes au mérite, les privatisations et les partenariats avec le privé, les affectations sur deux ou trois écoles. Le gouverneur Sergio Cabral et le maire Eduardo Paes refusent toute négociation et font donner la police contre les manifestations d'enseignants. Cabral propose 8 % d'augmentation, ce qui couvrirait à peine l'inflation de l'année. La presse et la télé se déchaînent contre ces grévistes qui mettraient en péril l'éducation des enfants et qui se livreraient à des déprédations dans les rues de la ville. Déprédations dues en fait à de petits groupes de casseurs.
Le bas niveau de l'enseignement, dû à des décennies d'abandon, est sans cesse aggravé par les coupes budgétaires. Dans le primaire par exemple, les enfants sont répartis entre trois équipes, du matin, d'après-midi ou de soirée. Les classes sont surchargées, atteignant souvent 50 élèves. Comment, dans ces conditions, assurer un enseignement de qualité ? Quant aux enseignants, pour avoir un salaire décent, ils doivent au minimum assurer deux tournées, c'est-à-dire huit heures de cours par jour, et souvent travailler dans deux écoles ou plus, ce qui les amène à faire des semaines de quarante heures.
Le 1er octobre, jour du vote à l'assemblée municipale du plan de carrière et de salaire proposé par Paes, une manifestation a été violemment réprimée, ce qui a révolté bien des gens. La pression policière autour des élus était telle que la justice a invalidé le vote. En solidarité avec les grévistes, une partie de l'enseignement privé a débrayé à Rio et des étudiants des deux grandes universités fédérales de l'État de Sao Paulo, l'USP de Sao Paulo et l'Unicamp de Campinas, ont occupé leurs rectorats.
Le mois de juin dernier avait vu dans tout le pays, et en particulier à Rio, des manifestations monstres contre les augmentations de tarifs des transports, pour la santé et l'éducation. L'actuelle grève des enseignants de Rio montre que « l'esprit de juin » n'est pas mort.