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Leur société
Stages : Il y a de l'abus
Légalement « aucune convention de stage ne peut être conclue pour exécuter une tâche régulière correspondant à un poste de travail permanent, ou pour faire face à un accroissement temporaire de l'activité ». Bien des entreprises se moquent pourtant éperdument de cette formule. Pendant les soldes, ce sont souvent des stagiaires qui tiennent les rayons des magasins. Les sociétés ne respectent pas non plus la limitation à six mois de la durée du stage. Des secteurs comme celui des sondages, de la publicité tournent en permanence avec des stagiaires. Rémunérés 436 euros par mois, et encore seulement s'ils font plus de deux mois de stage, les stagiaires reviennent moins cher que les travailleurs en contrat à durée déterminée (CDD) ou que les intérimaires. Les textes législatifs censés encadrer les stages n'ont pas manqué, mais aucun ministre ne s'est jamais préoccupé de les faire respecter, et une partie des décrets d'application ne sont même jamais sortis.
Il y a aujourd'hui 1,2 mil-lion de stagiaires, un chiffre qui a doublé en six ans. Même si tous les stages ne donnent pas lieu à une exploitation éhontée, le succès de cette formule découle avant tout du refus des entreprises d'embaucher durablement. Avant de trouver son premier emploi, précaire bien sûr, il faut parcourir un véritable parcours du combattant fait de stages en entreprises. La multiplication des stages doit beaucoup plus au chômage massif de la jeunesse qu'aux nécessités de la formation, car ce que l'on apprend en stage, on s'y formerait tout aussi bien en devenant salarié.
Éviter les abus, à condition que les intentions proclamées ne restent pas une fois de plus lettre morte, est une nécessité. Mais il faudrait surtout obliger les patrons à embaucher, les jeunes comme les moins jeunes.