La VIe République de Mélenchon : Le numéro ne fait rien à l'affaire05/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une-2279.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

La VIe République de Mélenchon : Le numéro ne fait rien à l'affaire

Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon évoque la perspective d'« en finir avec la monarchie présidentielle de la Ve République pour construire une VIe République démocratique et sociale » appelant les citoyens à « prendre le pouvoir ». Mais quels seraient donc les contours d'une telle république et par quel miracle serait-elle donc « sociale » ? C'est là qu'on a quelques surprises.

Interrogé à ce sujet sur BFM-TV, le 18 mars, par un journaliste du magazine Le Point, Mélenchon a dénoncé d'abord « l'instabilité et la concentration des pouvoirs » de la Ve République, puisque « 80 % du gouvernement actuel a changé depuis le début de la mandature ». Il se dit donc « partisan d'un régime d'assemblée, qui peut être plus stable, plus raisonnable, si on prend quelques précautions ». Et d'aller chercher un exemple à l'époque de la Première Guerre mondiale : « Je voudrais qu'ils [les Français] se souviennent que la guerre de 1914-1918 a été gagnée par un régime d'assemblée dans lequel il y avait un comité secret, c'est-à-dire tenu au secret, qui dirigeait les opérations aux côtés de Clemenceau. »

À partir du 16 juin 1916, en effet, l'Assemblée nationale mais aussi le Sénat se réunirent à plusieurs reprises en « comité secret », c'est-à-dire à huis clos, à chaque fois qu'ils souhaitaient discuter sans témoin de la situation. Ce régime, qui allait de pair avec la censure et toute une série de bobards servis à la population pour lui faire soutenir la guerre, se prolongea jusqu'en novembre 1919. Quel modèle !

Visiblement, cet argument n'est pas destiné aux électeurs à qui Mélenchon veut faire croire par ailleurs que la VIe République sera « démocratique et sociale ». Il semble vouloir démontrer, au contraire, qu'il n'y a rien à craindre. Le régime d'assemblée peut fonctionner de façon aussi peu démocratique que le régime présidentiel. Et qui cela peut-il intéresser, sinon les classes possédantes, véritables décideurs et bénéficiaires de l'actuelle république, qui pourraient craindre d'avoir moins de poids dans la république que leur promet Mélenchon. Et c'est aux mêmes que Mélenchon s'adresse quand il explique, dans la même émission, qu'il n'entend nullement faire « table rase des institutions actuelles ».

Est-ce que cela suffira à rassurer les possédants sur les intentions de Mélenchon ? À vrai dire, ils le connaissent sans doute trop, quoi qu'ils en disent, pour être vraiment inquiets. Et en attendant, tout cela n'est ni très « révolutionnaire », ni même très « citoyen ».

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