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Algérie : Le bluff de la levée de l'état d'urgence
Jeudi 24 février, le pouvoir algérien a décidé la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992. Cette décision, annoncée depuis plusieurs semaines, n'a pour l'instant rien changé sur le fond.
Bien au contraire. Le gouvernement a renforcé le rôle de l'armée « dans le maintien de l'ordre public » ainsi que dans « la lutte contre le terrorisme et la subversion ». Les rumeurs sur l'ouverture de la télé et de la radio publiques à l'opposition se sont avérées infondées, et surtout, les manifestations restent interdites dans la capitale. Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, s'en est expliqué prétextant la menace des groupes terroristes. Ces mensonges ont ainsi justifié l'interdiction de la marche du 26 février, appelée par une Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), divisée. En fait, seul le RCD, parti d'obédience kabyle, et quelques personnalités de l'opposition étaient présents à cette marche contre le pouvoir. Comme lors des précédentes manifestations, des milliers de policiers ont été déployés dans la capitale.
Les accès à la place des Martyrs, d'où devait partir la manifestation, ont été bloqués. Pour empêcher l'arrivée des manifestants, les principaux axes routiers ont été contrôlés par la police ainsi que les trains. Malgré ce dispositif, quelques centaines de manifestants (moins que les 12 et 19 février) ont réussi à se rassembler. À la suite de cette marche, la CNCD a annoncé trois autres manifestations à Alger pour le samedi 5 mars.
La révolte des pays arabes voisins a évidemment renforcé l'opposition dans sa volonté de manifester contre le gouvernement, préoccupé par les événements qui se déroulent en Libye, aux dires du ministre des Affaires étrangères. Le pouvoir algérien a beau vanter la démocratie censée régner dans le pays, rappeler l'instruction de centaines de dossiers de corruption, personne n'est dupe. L'autorisation de nouveaux partis et syndicats, en attente depuis des années, n'est toujours pas à l'ordre du jour, leur agrément étant renvoyé « au moment opportun ». Le pouvoir algérien a de quoi se méfier en effet. L'image de Bouteflika et de Moubarak, main dans la main, au sommet économique arabe de Charm El Cheikh, juste après la chute de Ben Ali, reste dans toutes les mémoires, comme le symbole des dictateurs honnis. L'un est parti, l'autre doit suivre.