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Dans le monde
Libye : La population sous surveillance militaire américaine
Le dictateur mégalomane de la Libye s'accroche au pouvoir. Pour combien de temps encore, et à quel prix, en termes de vies humaines ? Nul ne peut le dire. Cette obstination embarrasse les puissances impérialistes qui sont dans la situation de l'apprenti sorcier. Certes, Kadhafi n'a pas été mis en place, à la différence d'autres dictateurs, par l'impérialisme. Mais il a été abondamment soutenu, politiquement et matériellement.
Si aujourd'hui les USA s'interrogent, nous dit-on, pour savoir comment s'y prendre afin que la population libyenne ne soit pas bombardée et mitraillée par les avions du dictateur, il ne faudrait pas oublier que ces avions, ces bombes, ces balles ont été fournis par ces mêmes grandes puissances, entre autres la France qui avait réussi à lui vendre les Mirage de Dassault.
Les États-Unis et l'Union Européenne discutent de l'opportunité d'une intervention militaire pour disent-ils, accélérer la chute de Kadhafi.
Mais cette fois, la situation est délicate. De la Tunisie à l'Égypte en passant par les pays arabes du Moyen-Orient, les populations se sont soulevées pour se débarrasser du joug des dictatures qu'elles subissent depuis des décennies. On n'en est plus à éviter l'étincelle qui mettra le feu aux poudres, mais à essayer de maîtriser l'incendie. D'où les tergiversations actuelles.
Le déploiement des forces armées, pour l'instant uniquement américaines, près des côtes de la Libye, est destiné, expliquent Obama et son entourage, à « faire pression sur Kadhafi » plutôt que d'aider à son renversement par une intervention directe.
On a déjà vu, il n'y a pas si longtemps, en Irak ou en Afghanistan, les USA entraînés dans une escalade dont ils n'arrivent pas à se dépêtrer. Entrera-t-on dans une telle spirale ? En l'état actuel des choses, ce n'est pas l'hypothèse la plus souhaitable du point de vue des grandes puissances. Les intérêts économiques des trusts des pays impérialistes en Libye ne sont pour l'heure pas menacés. Le pétrole qu'on y pompe, pour ne prendre que cet exemple, intervient pour 2 %, donc marginalement, dans la production mondiale.
Au-delà des problèmes immédiats que le soulèvement en Libye pose aux grandes puissances, le déploiement, pour l'instant limité, de l'armada américaine vise un autre objectif. Il s'agit d'envoyer un signal aux politiciens, mais surtout d'adresser un avertissement aux populations de ces pays, pour leur dire que l'impérialisme est là pour veiller, surveiller les transitions de ces régimes.
Mais certains dans le camp impérialiste affichent une prudence. Juppé, par exemple, a jugé qu'une intervention serait « contre-productive ». Les peuples ne sont en effet pas dupes et ne peuvent pas voir dans une intervention un acte de libération.