Le gouvernement au service des marchands d'armes02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement au service des marchands d'armes

D'après le rapport officiel du ministère de la Défense transmis au Parlement, la France reste le quatrième exportateur mondial en matière d'armements. Certes, elle reste très loin des États-Unis qui, en 2008, assuraient la moitié des exportations d'armes. Viennent ensuite la Grande-Bretagne (15 %), la Russie (8 %) puis la France (7,2 %), talonnée désormais par Israël (6 %).

Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères se sont certes félicités que cette industrie réalise un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros, dont un tiers à l'exportation, et emploie 165 000 salariés. Mais Hervé Morin, ministre de la Défense et en fait représentant commercial des marchands d'armes français, a dû constater que la France, même si le chiffre d'affaires de son secteur est en hausse de 13 % par rapport à 2007, « a peiné pour maintenir ses positions ». Il souhaite donc mener « une politique de relance » des matériels militaires. Et de détailler les mille et une manières dont le gouvernement, l'armée, l'administration font tout pour aider les industriels français, Thales, EADS, Matra, Dassault, Safran, DCNS ou Nexter. Une armada de hauts fonctionnaires, d'ambassadeurs, d'officiers d'état-major, de ministres et même le président de la République sont en permanence mobilisés pour vendre les engins de mort français.

« Les autorités nationales s'attachent tout d'abord à créer un environnement favorable aux exportations », dit le rapport qui, paraît-il, ne devrait pas faire fi d'une certaine déontologie. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a par exemple affirmé qu'une relance des exportations ne doit jamais se faire aux dépens d'une politique de défense des droits de l'homme, ajoutant que le gouvernement autorise uniquement « les ventes d'armes aux pays qui ne les retourneraient pas contre leur population ». Témoin, le cas des mines antipersonnel et des bombes à sous-munitions.

Hervé Morin a déclaré devant le Sénat le 17 septembre qu'en la matière la France avait bien changé : « Nous, la France, avons utilisé ces armes. Ce temps est révolu depuis la guerre du Golfe de 1991. Nous avons fabriqué ces armes. Ce temps est révolu depuis 2002... Entre 1996 et 2002, la France a en outre retiré de ses stocks tous les systèmes d'armes concernées, notamment les bombes dites Beluga BLG-66, les obus à grenades OGR ainsi que les roquettes américaines M-26. » En fait, la réalité est beaucoup moins claire, car rien n'est dit sur l'arrêt de la commercialisation de ces armes. La France a bien ratifié la convention d'Oslo sur les armes à sous-munitions. Mais ratification ne veut pas dire application, la convention d'Oslo n'entrera en vigueur qu'à la condition que trente pays la ratifient, et vingt et un seulement l'ont fait jusqu'à présent. De plus, selon Handicap International, la France pratiquerait un intense lobbying pour faire exclure certains types d'armes de la définition des armes antipersonnel. Ainsi, elle pourrait continuer à en vendre une partie.

Tout cela dans l'esprit des droits de l'homme. Tous les marchands d'armes le disent, et ils s'y connaissent.

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