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Leur société
Zones urbaines sensibles : Un constat accablant
Un bilan fait par Fadela Amara le 22 novembre avait surtout montré que, malgré l'autosatisfaction affichée, rien ou presque n'avait changé dans les banlieues depuis les émeutes de 2005, en dépit des promesses et de la mise en oeuvre du « plan espoir banlieue » deux ans plus tard. Les chiffres donnés le 30 novembre dans le rapport que vient de publier l'Observatoire national des ZUS (zones urbaines sensibles), c'est-à-dire un organisme officiel, montrent que la situation des habitants des quartiers défavorisés a même empiré.
751 quartiers, regroupant près de 4 millions et demi d'habitants, ont été répertoriés comme étant des ZUS, essentiellement parce que le chômage, la pauvreté, le manque d'infrastructures y rendent la situation explosive. Et dans ces domaines, l'aggravation a été plus brutale encore pour la population travailleuse que dans le reste du pays.
Un tiers des habitants des ZUS (33,1 %) vivent au-dessous du seuil de pauvreté, avec un revenu inférieur à 908 euros par mois, contre 12 % sur l'ensemble du territoire, et la pauvreté frappe même près d'un jeune de moins de 18 ans sur deux. Les mêmes écarts se retrouvent en ce qui concerne le taux de chômage : avec 16,9 %, il est plus du double dans les ZUS que dans les autres quartiers des mêmes agglomérations. Les jeunes sont là aussi les plus touchés puisque, dans la tranche d'âge des 15-24 ans, 41,7 % des hommes et 29,6 % des femmes subissent le chômage. Ils ont d'autant moins de perspectives d'avenir que, dans ces quartiers, les retards scolaires sont plus importants qu'au niveau national, et la réussite aux examens inférieure.
L'aggravation de la situation dans les ZUS est en partie liée à la crise, bien sûr. La population des cités de banlieue est frappée par le chômage et la baisse des revenus comme l'ensemble de la classe ouvrière. Mais cela s'ajoute à une situation antérieure déjà catastrophique. Cela fait des décennies que les banlieues pauvres paient le prix de leur abandon par les pouvoirs publics. Les multiples plans et les promesses d'amélioration n'ont été que du vent, faute du financement nécessaire, et le gouvernement actuel ne sait que faire des discours sécuritaires, au lieu de s'attaquer aux racines des problèmes engendrés par la pauvreté et le chômage.
Mais la première sécurité, ce serait d'assurer celle du travail, et des revenus permettant de vivre décemment.