Les marchands d'armes, comme tous les commerçants, proposent à leurs clients un service après-vente. Mais la particularité de leur industrie fait que la réparation et l'entretien du matériel peuvent avoir lieu en zone de combats. D'où la difficulté de trouver des techniciens volontaires pour aller se faire trouer la peau au bénéfice de l'entreprise. Des sociétés comme Dassault et Thales avaient, jusque-là, recours à des sous-traitants pour exécuter ce genre de tâche, contrainte dont elles se plaignaient amèrement auprès des autorités.

Le gouvernement vient donc d'accéder à leur demande et de signer une convention, qui s'étendra à toutes les industries d'armement, visant à militariser les salariés intervenant en zone de combats. Cet accord leur garantit le statut et la protection militaire et assure à leurs enfants qu'ils seront pupilles de la nation « en cas de malheur ». Ce qui n'encouragera certainement pas les vocations, mais donnera plus de poids aux pressions des directions pour envoyer des salariés en zone dangereuse.

Le secrétaire d'État aux Anciens combattants qui a présenté et signé cet accord avec Thales et Dassault, après avoir parlé rapidement de la sécurité des personnels, a insisté sur les véritables raisons de l'accord en déclarant : « Je vois là une chance supplémentaire d'emporter certains marchés. »

Ainsi, pendant que les profits de Dassault, désormais actionnaire de Thales, et autres marchands de canons continueront à s'accumuler, des salariés auront l'honneur douteux de périr à la fois au champ d'honneur et d'un accident de travail.