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Dans les entreprises
Renault Le Mans : grèves à l'Emboutissage : les travailleurs se font respecter
Depuis novembre 2008, Renault Le Mans vit au rythme du chômage partiel, qui a déjà touché plusieurs centaines d'ouvriers pendant plusieurs dizaines de jours. Une situation propice donc aux mauvais coups et dont la direction essaie, bien entendu, de profiter.
Aussi, au secteur maintenance de l'Emboutissage, celle-ci avait pris la décision de supprimer deux postes de mécaniciens et de remettre ceux-ci en production. Elle avait aussi décidé de redescendre en 2x8 neuf salariés de production de l'équipe de nuit, non pas pour une question de baisse d'activité, mais... pour les remplacer par d'autres travailleurs d'équipes 2x8. Pour les travailleurs passant ainsi de nuit en jour, cela signifie une perte de salaire pouvant aller jusqu'à 600 euros par mois, sans compter la désorganisation de la vie personnelle et familiale.
Mercredi 18 novembre, dans l'équipe du matin, la maintenance de l'Emboutissage a donc débrayé, restant en grève jusqu'à l'arrivée de l'équipe du soir qui, elle aussi, s'est mise en grève. La revendication principale était la réintégration d'un travailleur qui refusait sa mutation en production. Le même jour à 21 h 30, à l'initiative de la CGT, une grande majorité de l'équipe de nuit de l'Emboutissage s'est réunie et a voté la grève pour la totalité de la nuit, revendiquant le maintien de tous les travailleurs en équipe de nuit.
Devant l'attitude méprisante de la direction qui faisait la sourde oreille, tant à la maintenance qu'en nuit, les travailleurs ont reconduit la grève jour après jour, réclamant en plus le paiement des heures de grève. Dans la nuit du 23 au 24 novembre, plusieurs dizaines de travailleurs venant d'autres secteurs de l'usine ont rejoint les grévistes de l'Emboutissage, ayant compris qu'eux aussi risquent la même chose dans l'avenir : en effet le but de la direction est de supprimer l'équipe de nuit permanente sur l'usine pour la remplacer par des contrats de huit à dix mois, ne donnant pas droit à une garantie de salaire en cas de retour en équipe de jour. Enfin, à deux reprises, la CGT a appelé à des débrayages sur l'usine en solidarité avec les grévistes et organisé une collecte de soutien.
Finalement, mercredi 25 novembre, la direction de l'établissement acceptait une réunion de négociations. Sur le conflit de la maintenance, elle proposait de réintégrer le travailleur concerné au deuxième semestre 2010 et, d'ici là, de lui donner des formations et de partager son temps entre maintenance et production. Pour la nuit, la direction proposait pour compenser la perte de salaire, que deux travailleurs passent en équipe de week-end, trois restant en nuit et les quatre derniers passant en 2x8 avant de revenir en nuit... au 1er mars 2010. Une façon pour elle de sauver la face.
Finalement les grévistes ont repris le travail le 27 novembre. Même si les revendications ne sont pas intégralement satisfaites et si la direction refuse le paiement des heures de grève, dans l'ensemble ils sont satisfaits d'avoir obligé la direction à reculer. Celle-ci ne s'attendait certainement pas à une telle réaction malgré la situation de chômage partiel. À l'avenir, elle y regardera peut-être à deux fois avant de tenter de nouveaux mauvais coups.