Uruguay : Ancien guérillero et prochain président02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Uruguay : Ancien guérillero et prochain président

Dimanche 29 novembre, l'élection présidentielle uruguayenne a été remportée par José Mugica, ancien dirigeant des Tupamaros, la guérilla urbaine des années soixante et soixante-dix, aujourd'hui à la tête du Front élargi. Avec 51 % des voix, cette coalition de centre-gauche bat Luis Alberto Lacalle du Parti National, le parti conservateur qui n'a recueilli qu'un peu plus de 44 % des voix.

Âgé de 74 ans, José Mugica, qui a été blessé par balles, torturé et emprisonné pendant quatorze ans, sera investi le 1er mars prochain. Il succédera au président de centre-gauche Tabaré Vasquez, membre lui aussi du Front élargi mais venu du Parti Socialiste, élu en 2004.

Après l'élection à la présidence du Nicaragua du sandiniste Daniel Ortega, Mugica est le second ex-guérillero à se retrouver ainsi élu à la tête d'un État d'Amérique latine.

La politique économique de Tabaré Vasquez a été une sorte de compromis. Il a augmenté les bas salaires, diminué le chômage et lancé un plan d'urgence pour les plus démunis, proposant assistance alimentaire et soins de santé. Dans le même temps son ministre de l'Économie, Danilo Astori, très apprécié des milieux d'affaires, a défendu une politique traditionnelle de remboursement de la dette, qui a été sensiblement réduite.

Pour le cas où son passé de guérillero et son franc-parler auraient pu troubler les moins avertis parmi les membres des classes possédantes, Mugica a fait toute sa campagne présidentielle avec, à ses côtés, Danilo Astori. Et Mugica a déjà annoncé qu'il poursuivrait l'action de son prédécesseur.

Les deux hommes avaient cependant des divergences, notamment sur la question de l'avortement. Le médecin Tabaré Vasquez avait évoqué des raisons éthiques pour mettre son veto à une loi de dépénalisation de l'avortement. Mugica s'est engagé, lui, à la faire aboutir. Il a promis aussi d'élargir les droits des homosexuels en leur permettant de se marier et d'adopter.

Mais il lui faudra à son tour chercher un modus vivendi dans le principal conflit qui a opposé l'Uruguay à son voisin argentin, du fait que l'Uruguay a accepté qu'une multinationale construise sur le fleuve Uruguay deux usines de pâte à papier, source de pollution pour l'Uruguay comme pour l'Argentine.

L'arrivée de Mugica ne devrait en revanche ni défaire les liens tissés par son prédécesseur avec le Venezuela de Chavez, qui ont permis de quintupler les exportations de l'Uruguay à destination de ce pays, ni remettre en cause la participation de l'Uruguay à la force de l'ONU en Haïti.

Sur ces sujets comme sur bien d'autres, il y a longtemps que José Mugica, ex-député, ex-sénateur et ex-ministre, a déposé les armes et est devenu un politicien consensuel.

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