Mayotte : La révolte contre la vie chère27/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2256.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : La révolte contre la vie chère

Depuis quatre semaines, les grèves et les manifestations qui se déroulent dans l'île de Mayotte ne faiblissent pas. C'est le 27 septembre qu'a été lancée une grève générale, à l'appel d'un collectif contre la vie chère regroupant les principaux syndicats et diverses associations de consommateurs.

Depuis, tous les jours ou presque, des barrages sont érigés sur les routes du pays et des manifestations ont lieu, dont certaines ont regroupé jusqu'à 10 000 participants, ce qui est beaucoup pour une île qui compte moins de 200 000 habitants.

Les affrontements avec la police sont nombreux et souvent violents. Un enfant de 8 ans a été grièvement blessé à l'oeil par un tir de flash-ball. Envoyé à La Réunion pour se faire opérer (le voyage ayant été payé par la solidarité des Mahorais), il perdra finalement l'usage de son oeil. Le préfet de La Réunion voulut alors obliger le jeune garçon et sa famille à repartir à Mayotte immédiatement après l'opération. Finalement, ils purent rester jusqu'à la fin de ses soins, suite aux protestations des organisations mahoraises présentes à La Réunion.

Le 19 octobre un manifestant de 39 ans est mort lors d'un rassemblement qui s'est tenu à Mamoudzou, la capitale. Il aurait été victime d'un crise cardiaque, se sont empressées de conclure les autorités locales. En désaccord avec les conclusions du rapport médico-légal, la famille a demandé une contre-expertise, appuyée par le président du Conseil général qui s'est publiquement étonné que « le ministre de l'Intérieur n'ait pas diligenté dans les plus brefs délais une inspection générale des services de la police nationale ». Une telle inspection aurait alors pu constater que, sur les lieux mêmes des incidents, la police avait empêché une infirmière de porter secours à la victime.

La population de l'île se révolte contre les prix élevés des produits indispensables : aliments, gaz, ciment, sable, etc. Aucun accord n'est actuellement intervenu entre l'intersyndicale, les patrons des grandes enseignes et le préfet sur l'indexation des onze produits de base par rapport aux prix pratiqués dans l'île voisine de La Réunion, où ils sont déjà bien plus élevés qu'en France métropolitaine.

Lors de sa venue express à Mayotte, Marie-Luce Penchard, la secrétaire d'État à l'Outre-mer, n'a rien eu de satisfaisant à proposer. Elle a au contraire soufflé sur les braises en proposant des bons de réduction de 5 euros sur les produits de première nécessité pour les 16 500 familles les plus pauvres. Cette proposition a été ressentie comme une provocation par beaucoup, une aumône qui ne réglait rien et n'écornait absolument pas les bénéfices faramineux des patrons de la grande distribution.

Le gouvernement a finalement nommé un médiateur qui, à pas de sénateur, entend étudier la situation, établir un diagnostic, prendre son temps donc pour rencontrer, discuter, réfléchir, des jours si ce n'est des semaines. À peine la première réunion entamée, les syndicats ont d'ailleurs précipitamment quitté les lieux, refusant de siéger dans une assemblée de notables où le temps ne peut que jouer en défaveur des grévistes.

À la cherté des prix s'ajoute pour la population de Mayotte un chômage élevé, puisque le tiers de la population en âge de travailler n'a pas d'emploi et qu'un jeune sur deux est privé de profession. La plupart des salaires y sont bas et les droits sociaux inférieurs à ceux pratiqués dans les autres départements du pays. Depuis le 31 mars dernier Mayotte est devenu le 101e département français : un département au rabais, disent de nombreux manifestants, pour qui de telles situations justifient leur colère.

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