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- Lutte ouvrière n°2256
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Libye - Un nouveau régime qui ne promet rien de bon : L'hypocrisie des dirigeants occidentaux
Le 23 octobre, trois jours après l'exécution de Kadhafi, les dirigeants du Conseil national de transition, devant plusieurs dizaines de milliers de Libyens rassemblés à Benghazi, ont proclamé officiellement « la Libye libre » et annoncé « la fin de la révolution ».
La « feuille de route » rendue publique par le CNT en août dernier prévoit pour la période qui s'ouvre à partir de la chute du régime de Kadhafi la désignation d'un gouvernement de transition dans un délai d'un mois au maximum, l'élection dans les huit mois d'une assemblée chargée d'adopter une nouvelle Constitution, puis des élections générales d'ici un an.
Mais sans attendre, Moustapha Abdeljalil, président du CNT, a annoncé la couleur. « En tant que nation musulmane, a-t-il déclaré, nous avons adopté la charia islamique comme source du droit, donc n'importe quelle loi contredisant les principes de l'islam est légalement nulle. » Ainsi, « la loi sur le divorce et le mariage - autrement dit la loi qui interdisait la polygamie et autorisait le divorce - contraire à la charia n'est plus en vigueur ». Pour les femmes de Libye, c'est clair, il n'y aura ni démocratie, ni transition : c'est, tout de suite, le retour quarante ans en arrière ! Cela n'augure évidemment rien de bon pour la population libyenne dans son ensemble.
Cette prise de position va évidemment à l'encontre de toutes les promesses de transition démocratique multipliées par les dirigeants du CNT à destination de leurs soutiens impérialistes. Elle aurait conduit ces derniers, selon la presse, à témoigner d'une « vive inquiétude », voire d'un « malaise ».
Ce n'est pourtant pas la première fois que le président du Conseil national de transition fait référence à la loi islamique comme source d'inspiration de la future Constitution.
Ce Conseil national de transition, auto-proclamé « seul représentant du peuple libyen », est présidé par un ancien ministre de la Justice de Kadhafi et constitué de notables partisans de l'ancienne monarchie, kadhafistes récemment repentis, islamistes radicaux, chefs de tribus et technocrates formés aux États-Unis. Et ce sont bien les dirigeants impérialistes qui, en toute connaissance de cause, l'ont intronisé et lui ont conféré une légitimité.
« Nous serons vigilants à ce que les valeurs que nous avons défendues aux côtés du peuple libyen soient respectées : l'alternance démocratique, le respect de la personne humaine, l'égalité des droits entre l'homme et la femme. Pour nous, c'est absolument essentiel », a osé expliquer Alain Juppé commentant les propos du président du CNT. Quelle hypocrisie !
Les gouvernements des grandes puissances impérialistes en intervenant militairement en Libye ne se préoccupaient pas le moins du monde du sort des femmes et de celui de la population libyenne en général. La guerre qu'ils ont menée en Libye au côté des insurgés n'avait pas d'autre objectif que d'y gagner des marchés pour leurs industriels, et d'ouvrir la route, côté français, aux Total, Vinci, Bouygues, GDF Suez, Lafarge, Alstom, etc... Alors, que leur importe si la « démocratie » promise se traduit, notamment pour les femmes, par un recul vers le Moyen Âge ?