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- Lutte ouvrière n°2184
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Veolia et 144 communes d'Ile-de-France : Une gestion opaque de l'eau
Une nouvelle fois, un rapport de la Chambre régionale des comptes met en cause la gestion privée de l'eau par Veolia pour le compte de 144 communes d'Ile-de-France regroupées dans le SEDIF (Syndicat des eaux d'Ile-de-France) présidé par le maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini. Cette mise en garde intervient au moment où le SEDIF s'apprête à reconduire un contrat particulièrement profitable puisqu'il concerne quatre millions d'usagers, d'où sera probablement écarté l'autre prétendant, Suez.
L'utilisation d'une « comptabilité tronquée » qui constitue « une entorse aux règles de base » en la matière ne permet pas aux comptes annuels fournis par Veolia aux communes de « donner une image fidèle du résultat de la gestion, du patrimoine et de la situation financière du service public » que la société privée est censée assurer. Autre grief, Veolia a reçu entre 2005 et 2007 quelque 186 millions d'euros d'argent public pour des travaux et des prestations d'ingénierie, « en méconnaissance des règles du code des marchés publics ». C'est une pratique courante, pour des groupes comme Veolia ou comme Suez de faire effectuer des travaux par des prestataires choisis par eux, des filiales par exemple, ce qui peut donner lieu à des surfacturations.
De tels reproches reviennent régulièrement, depuis plusieurs dizaines d'années, notamment dans les rapports des Chambres régionales des comptes. C'est donc en connaissance de cause qu'en décembre 2008 une majorité de délégués des communes au SEDIF avaient voté à bulletins secrets pour la reconduction de la gestion privée, ce qui ne pouvait bénéficier qu'à Veolia si ce n'est à Suez. Un passage à la gestion directe en régie par le syndicat regroupant 144 communes aurait coûté moins cher, comme l'avait d'ailleurs montré l'Union fédérale des consommateurs - Que Choisir.
Il est vrai que pour certains travaux spécialisés, les collectivités locales qui gèrent elles-mêmes le service de l'eau doivent tout de même faire appel au secteur privé parce qu'elles ne disposent pas seules des moyens matériels et des compétences techniques nécessaires. Veolia Eau compte à lui seul plus de 30 000 salariés en France et possède des équipements considérables à l'échelle du pays.
La gestion du service de l'eau à l'échelle des communes, ou même d'un groupe de communes ne permet donc pas de s'affranchir complètement de l'emprise des groupes privés comme Veolia, Suez ou le troisième larron, la Saur, même quand les communes décident de revenir à la gestion par une régie municipale.
Le service de l'eau, service public s'il en est, non seulement n'a pas à être dans les mains de groupes privés qui accumulent ainsi d'énormes profits aux dépens de la population. Il doit être aussi géré à l'échelle régionale, voire nationale, afin d'utiliser rationnellement les ressources et les techniques. Cela passe par l'expropriation des activités concernant l'eau des Veolia et autres Suez et l'intégration de leurs salariés, techniciens, ingénieurs, comptables, secrétaires, dans un grand service public de l'eau à l'échelle du pays.