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Dans les entreprises
Continental : Un dernier jugement , et un succès de la solidarité
Le mercredi 2 juin, alors que plus de 300 travailleurs étaient rassemblés à l'extérieur, le tribunal de Compiègne a rendu son jugement. Après les simples peines d'amende retenues précédemment par la cour d'appel d'Amiens, il s'agissait de statuer sur les demandes de remboursement de l'État à l'encontre des six salariés de Continental poursuivis pour des dégâts qui auraient été commis dans le cadre de leur manifestation à la sous-préfecture en avril 2009.
Le tribunal a finalement condamné les salariés à rembourser solidairement la somme de ...1 280,53 euros. Il les condamne en outre, toujours solidairement, à payer 1 000 euros pour les frais engagés par l'État pour ces poursuites. C'est donc une somme minime, 380 euros par salarié, qui relève du symbole, alors que l'État au départ avait chiffré les « dégâts » à 62 000 euros minimum. Il avait ensuite diminué considérablement ses demandes initiales, réclamant 11 000 euros au seul titre des remboursements, sans compter les frais de justice.
C'est bien sûr la caisse de solidarité des travailleurs de Continental qui prendra en charge ces condamnations. Et, bien que six d'entre eux restent ainsi condamnés pour le principe, les travailleurs de Continental peuvent être fiers d'avoir arraché ce nouveau recul, grâce à leur solidarité maintenue au travers de long mois.
Normalement, cela met un point final aux poursuites engagées pour l'exemple par le gouvernement. Il faut se rappeler que l'envahissement de la sous-préfecture de Compiègne, le 21 avril 2009, par plusieurs centaines de travailleurs était la réponse au silence du gouvernement, après les engagements pris par lui sur le dossier des 1 120 licenciements de l'usine de Clairoix. Cette manifestation, si elle a vu le gouvernement accorder en moins de deux heures les engagements réclamés qu'il refusait jusqu'ici, s'était accompagnée de déclarations vengeresses de la part d'Alliot-Marie (ministre de l'Intérieur) et de Fillon, qui promettaient tous de lourdes condamnations pour les manifestants.
Mais, après la conclusion des accords obtenus par les travailleurs de Continental, pendant près d'un an la mobilisation s'est maintenue, sous la direction du comité de lutte et des assemblées du personnel, pour faire annuler les poursuites pour le principe du gouvernement. C'est cette mobilisation avec le soutien de travailleurs, de militants syndicaux de la région et de toute la France, comme du Syndicat de la Magistrature et de tous les partis de gauche et d'extrême gauche, avec des rassemblements et des manifestations regroupant parfois plus de deux mille personnes, qui a ramené les condamnations pénales et civiles au minimum. Rappelons quand même que, si le tribunal de Compiègne s'est donc montré très compréhensif en juin 2010, c'est le même tribunal qui avait condamné le 1er septembre 2009 les salariés poursuivis à des peines de prison, certes assorties du sursis.
En tout cas c'est une victoire de la solidarité ouvrière, des travailleurs de Continental et de tous ceux qui les ont sincèrement soutenus.