Ericson-Massy (Essonnes) : En grève contre les licenciements " sous-traités "07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ericson-Massy (Essonnes) : En grève contre les licenciements " sous-traités "

En même temps qu'elle annonçait, début mai, un nouveau plan de 239 licenciements touchant tous les services, la direction d'Ericsson France décidait d'externaliser le département Recherche et Développement et ses 188 salariés, dont 150 ingénieurs.

" Externaliser " les licenciements

La méthode " d'externalisation " est de plus en plus utilisée par les patrons, notamment dans les télécoms, pour se débarrasser de salariés à moindres frais. Ainsi, bien avant que le patron d'Alcatel fasse scandale en parlant " d'entreprises sans usines ", Ericsson avait " externalisé " toute sa production et vendu toutes ses usines. La méthode consiste à transférer chez un sous-traitant les travailleurs, avec un engagement de commandes dégressif dans le temps. Dans bon nombre de cas, au bout de quelque temps, la société diminue son niveau de commande et c'est le sous-traitant qui licencie. C'est donc en fait un moyen, pour les grands trusts, de sous-traiter... les licenciements.

Le groupe Ericsson ne s'en cache d'ailleurs pas. Alors qu'il a supprimé 20 000 emplois dans le monde l'an dernier et en prévoit autant pour les deux années à venir, les dirigeants ont déclaré tout de go que les " plans sociaux " coûtaient trop cher et qu'ils auraient de plus en plus recours aux externalisations.

En France, les patrons se voient la tâche facilitée par une disposition du Code du travail, l'article L122-12 qui, au départ, était censé protéger les salariés contre les ventes d'activités, mais que les patrons détournent pour les obliger à accepter le transfert de contrat de travail sous peine d'être considérés comme... démissionnaires !

Plus de deux semaines de grève

Dans le cas du département Recherche et Développement, il est apparu tout de suite qu'il s'agissait d'une arnaque à l'emploi organisée. D'autant plus que, depuis plusieurs mois, la direction suédoise avait décidé de transférer le travail fait en France vers le Brésil. Alors, après l'annonce, 71 travailleurs sur les 188 ont décidé la grève pour exiger le transfert au volontariat et obtenir des garanties, notamment de pouvoir " bénéficier " des conditions de licenciement prévues par le plan social Ericsson pendant trois ans, si les choses tournaient mal avec le repreneur Teleca (entreprise de services suédoise). Car il est évident qu'être licencié par une PME ou par un grand groupe comme Ericsson, cela ne se fait pas aux mêmes conditions.

Dès le début de la grève, la direction, relayée par les chefs, a juré ses grands dieux que son seul souci était de " préserver l'emploi " et que son projet était viable ! Dans un premier temps, devant la détermination des grévistes, elle a accepté de mettre la barre à 150 transférés et de maintenir 13 mois après le transfert les conditions de licenciement du plan social Ericsson. Puis, après plus de deux semaines, elle a lancé un ultimatum : ou la grève s'arrête, ou les 188 personnes sont licenciées.

Malheureusement, son coup de bluff a marché, surtout vis-à-vis des syndicats qui se sont empressés d'organiser un vote pour ou contre la fin de la grève... vote ouvert à tous. On a alors vu des non-grévistes ou même des chefs se déclarer en grève pendant une heure pour pouvoir voter... la reprise du travail !

Le transfert s'est donc effectué début juin, sans que personne ne soit dupe de tous les coups fourrés de la direction.

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