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- Lutte ouvrière n°1767
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Leur société
Exploitation impérialiste, appauvrissement du Tiers Monde et immigration
En 2001, les gardes frontaliers autrichiens disent avoir intercepté 48 659 personnes ayant tenté de passer illégalement la frontière. C'est deux fois et demie plus que trois ans auparavant. Depuis la chute du mur de Berlin, il n'existe plus de " rideau de fer " et, comme l'ont déclaré aux journaux des responsables autrichiens - en le déplorant à l'occasion du sommet de Rome sur la " lutte contre l'immigration clandestine " -, ils ne peuvent même plus compter maintenant sur le fait que les policiers tchèques, slovaques ou hongrois empêchent quiconque de franchir la frontière... Cela d'autant moins que, en Europe centrale et orientale, les changements qui ont suivi la disparition du " bloc soviétique " se sont traduits par un appauvrissement d'une bonne majorité de la population et, du coup, par le fait qu'une partie d'entre elle tente d'aller gagner sa vie en Europe de l'Ouest.
Mais, même si l'arrivée d'immigrés roumains, albanais, polonais ou autres est présentée comme un phénomène nouveau (d'ailleurs, pas tant que cela), ceux-ci ne sont pas les seuls.
L'Europe des Chirac, Blair et autres Schröder peut décider de se murer contre les pauvres, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir survivre dans le reste du monde. Les quatre cinquièmes de la population mondiale vivent en effet dans des pays dits " en voie de développement ", alors qu'ils s'enfoncent le plus souvent dans un dénuement croissant. Il s'agit même d'une misère effroyable pour un quart d'entre eux, les pays soumis à " une extrême pauvreté ", dans le langage pourtant fort mesuré d'organisations internationales comme l'ONU. Et quel corps de gardes-frontières européen serait dissuasif, quels barbelés seraient infranchissables à des hommes et des femmes qui sont condamnés à vivre dans leur propre pays avec moins de un dollar par jour !
Les conférences internationales sur " le développement et la lutte contre la pauvreté " (telle celle organisée en mars par l'ONU à Monterrey au Mexique) succèdent aux rapports, forums et discours aussi officiels qu'hypocrites (comme le document du gouvernement français intitulé " Stratégie nationale de développement durable "). Et non seulement cette pauvreté ne recule pas, mais elle s'accroît. Ainsi, en 1960 les 20 % des habitants les plus démunis de la planète se partageaient 2,3 % des richesses mondiales. Quarante ans plus tard, ces 20 % de pauvres parmi les pauvres le sont devenus encore plus : leur part du revenu mondial est tombée à... 1 % !
Durant toutes ces années, les politiques dites d'aide au développement ou d'aide au Tiers Monde ont au mieux été des voeux pieux accompagnés d'aumônes. Mais le plus souvent, même ces " aides " se sont réduites et, surtout, s'agissant d'Etats impérialistes comme la France, elles se sont concentrées sur des pays pauvres, mais producteurs de matières premières, pétrole notamment, intéressant les industriels et financiers occidentaux.
Quant aux autres pays, la majorité, le peu d' " aide " qu'ils ont reçu a surtout servi à assurer des commandes aux industriels et sociétés de commerce occidentales, et bien sûr à soutenir militairement des dictatures locales défendant les intérêts des puissances européennes ou autres contre leurs propres peuples.
Ce sont les dirigeants de ces mêmes puissances occidentales, notamment européennes, qui ont mis et mettent en oeuvre cette politique d'oppression et de pillage des trois quarts de l'humanité et qui, chantres de la " mondialisation " et du " libéralisme ", parlent en même temps de hérisser les frontières européennes de barbelés contre celles de leurs victimes du Tiers Monde qui voudraient les franchir. Derrière le discours cynique de ses gouvernants sur la liberté ou le développement, le régime capitaliste est un régime barbare, policier et oppresseur, des quatre coins de la terre jusque dans ses propres citadelles.