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Leur société
Arcade : La grève des femmes de Ménage continue
La grève des femmes de ménage d'Arcade, une société spécialisée dans le nettoyage, sous-traitante du groupe hôtelier, dure depuis maintenant plus de trois mois. Cette grève, qui implique une trentaine de grévistes (dont huit ont déjà été licenciées) a permis de lever le voile sur les conditions de travail scandaleuses et les bas salaires pratiqués dans l'hôtellerie. Les grévistes réclament le respect de leurs droits, une baisse des cadences, une prime de fin d'année de 305 euros et des contrats à plein temps.
Dans l'hôtellerie, le Groupe Accor est un groupe mondial, présent dans 140 pays. Il emploie près de 150 000 salariés. Dans le seul secteur hôtelier, il gère 3700 hôtels, soit plus de 400 000 chambres et fédère les marques Sofitel, Novotel, Mercure, Etap Hotel, Formule 1, pour ne citer que les plus importantes. Accor fait appel à des entreprises sous-traitantes pour faire le nettoyage des chambres d'hôtel et concède le marché à celles qui effectuent le travail au moindre coût.
La société de nettoyage Arcade est une de ces entreprises sous-traitante dans une centaine d'établissements du Groupe Accor. Pour réaliser ses marges bénéficiaires de 10 à 15 %, elle impose des cadences et des bas salaires aux femmes de ménage, pour la plupart africaines ou maghrébines. Tout est bon pour faire du profit chez Arcade, qui embauche de préférence des femmes ne sachant ni lire ni écrire afin de mieux les exploiter. Certaines de ces femmes sont en situation de très grande précarité, n'ayant pas de papiers en règle. Elles doivent nettoyer quatre chambres à l'heure, faire environ 20 à 23 chambres, voire plus, en six heures - elles ne travaillent que 35 heures par semaine - pour un salaire mensuel qui varie entre 610 et 762 euros (à titre comparatif, le personnel salarié d'Accor nettoie 16 chambres en huit heures de travail !). Mais comme elles n'arrivent jamais à finir dans les temps, elles terminent au-delà de l'horaire... sans être payées.
L'une d'elles, salariée d'Arcade depuis onze ans, d'origine sénégalaise, a témoigné dans le quotidien Libération du 11 avril dernier : " En septembre, j'ai repris mon travail après trois ans de congé parental. Ils m'ont fait signer un papier, je ne savais pas ce que c'était. C'était un nouveau contrat de travail daté de 2001. J'ai perdu mes dix ans d'ancienneté. Bosser, bosser, crever, je n'ai jamais rien fait d'autre. Je ne sais même pas lire ". Le chantage au licenciement est permanent. Menaces et intimidations également, surtout depuis que la grève a commencé, avec le soutien du syndicat SUD Propreté et Services.
Le système de sous-traitance dont sont victimes ces travailleuses n'est pas nouveau. Il se pratique dans bien des grandes entreprises du pays et pas seulement dans celles du secteur privé.
Les sociétés de nettoyage, véritables patrons négriers, bafouent les droits des salariés.