Michelin La Roche-sur-Yon : après l’annonce de la fermeture30/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/P15_Michelin_La_Roche_20191024_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C222%2C2362%2C1550_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin La Roche-sur-Yon : après l’annonce de la fermeture

Le 10 octobre, la direction de Michelin La Roche réunissait les salariés du site pour leur annoncer la fermeture de l’usine, soit la suppression de 619 emplois. Le jour même, le travail cessait et, depuis, la production est quasiment au point mort.

Illustration - après l’annonce de la fermeture

Face à l’annonce de la fermeture, les syndicats ont adopté des positions différentes. D’un côté, considérant la décision irréversible, l’intersyndicale SUD-FO-CGC-CFDT défend la participation aux négociations que propose la direction, en prétendant obtenir des conditions de départ acceptables pour les travailleurs.

Mais la première rencontre entre syndicats et direction à Clermont-Ferrand en a dit long sur le peu que le patron est prêt à concéder, puisqu’il a déjà revu à la baisse le montant de la prime supralégale, son offre passant de 30 000 à 25 000 euros. Quelle meilleure preuve du mépris du patron envers les travailleurs qu’il s’apprête à jeter dehors, alors que Michelin a affiché 1,68 milliard de profits en 2018 !

Certains salariés ont d’ailleurs fait le calcul. Michelin dit avoir provisionné 120 millions d’euros pour fermer le site de La Roche, ce qui représente 190 000 euros par salarié. Alors, pourquoi se contenter de partir avec une aumône ?

Quoi qu’il en soit, l’intersyndicale a lancé une pétition en ligne, où elle demande à la direction de s’engager, une fois l’usine de La Roche fermée, à un moratoire sur les suppressions d’emplois en France pendant toute la durée du mandat de l’actuel PDG du groupe, Florent Menegaux. Comme si la direction de Michelin, dans l’hypothèse très improbable où elle signerait un tel moratoire, pourrait être crue sur parole.

De son côté la CGT, le seul syndicat qui en 2016 avait refusé de signer l’accord de compétitivité, estime que rentrer dans les négociations revient à accepter la fermeture du site. Puisque Michelin a les moyens de maintenir les emplois, elle veut contester la fermeture du site sur le terrain juridique, avec l’espoir que les tribunaux refusent le caractère économique des licenciements.

Se prétendant plus réaliste et raisonnable que la CGT, l’intersyndicale a organisé le 18 octobre un vote à bulletin secret demandant de choisir entre les négociations et le recours juridique. 79 % des salariés ont participé, dont 96 % se sont prononcés pour les négociations, un résultat qui reflète moins un véritable espoir dans celles-ci qu’un certain attentisme, dans une situation où aucun syndicat ne proposait de se mobiliser pour essayer d’obtenir des garanties pour l’avenir.

Jusqu’à présent, les travailleurs ont pourtant répondu présent aux rendez-vous proposés. Le rassemblement du jeudi 17 octobre devant l’usine, à l’appel de l’ensemble des syndicats, a réuni environ 200 travailleurs. Lors de celui du jeudi 24 octobre, à l’appel de la seule CGT, plus d’une centaine d’ouvriers de La Roche se sont retrouvés aux côtés des délégations venues en car des usines Michelin de Vannes et de Cholet, et de salariés de la chimie venus manifester leur solidarité, comme ceux d’Hutchinson à Château-Gontier, dans la Mayenne. Les prises de parole lors de ce rassemblement ont rappelé que Michelin roule sur l’or et qu’il n’y a aucune raison d’accepter les licenciements. Cette tonalité combative, qui a fait du bien à tous les présents, s’est également exprimée dans la manifestation qui a suivi à travers la zone industrielle et commerciale toute proche.

Certains signes indiquent que la direction n’est pas si confiante, et qu’elle craint les réactions des travailleurs. Après avoir commencé les négociations à Clermont-Ferrand, Michelin prévoit de les poursuivre à Angers : si elle ne veut pas que les discussions se tiennent à La Roche-sur-Yon, c’est clairement par peur d’être confrontée à la colère des salariés.

Par ailleurs, la direction laisse entendre qu’elle pourrait fermer l’usine au premier trimestre 2020, au lieu de fin 2020. Cette accélération du calendrier vise sans doute à faire pression pour que les travailleurs acceptent les conditions du plan d’accompagnement, aussi minables soient-elles, par peur de se retrouver sans aucune proposition de reclassement. Mais elle révèle aussi que le patron veut aller vite, pour ne pas laisser la marmite bouillir trop longtemps, au risque de lui exploser à la figure.

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