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Leur société
Macron à La Réunion : trois jours consacrés au patronat !
Les trois jours que Macron a passés à La Réunion, du 23 au 25 octobre, auront été marqués par sa volonté de se tenir le plus possible à distance de la population pauvre et laborieuse.
Tel un monarque entouré de sa troupe, il a sillonné l’île pour y rencontrer essentiellement ses soutiens politiques de droite, les maires de Saint-André et de Saint-Paul, le président et l’ex-présidente du conseil général, et bien sûr le patronat !
Mille cinq cents policiers et gendarmes ont été réquisitionnés pour sa venue, quelques dizaines de gilets jaunes dénonçant sa politique ont été pourchassés, entourés et gazés par des CRS présents en grand nombre lors de son arrivée à l’aéroport de Sainte-Marie. Des quartiers entiers ont été fermés à la circulation des véhicules, des piétons et des manifestants à Saint-Denis, des automobilistes à Saint-Pierre ont été sommés de se ranger sous peine de se voir percutés par le cortège présidentiel.
Ses réels engagements ont été à destination des patrons, à qui il a annoncé l’exonération totale des cotisations sociales patronales jusqu’à deux fois le smic au lieu de 1,3 smic jusqu’alors, l’attribution d’une prime annuelle de 15 000 euros pour toute embauche d’un CDI et de 7 000 euros pour l’embauche d’un CDD. Sans oublier l’engagement que la subvention de 28 millions d’euros à la filière canne, donc essentiellement au groupe capitaliste Tereos, sera reconduite jusqu’en 2021.
Macron a aussi annoncé que l’État reprendrait à sa charge le paiement du RSA à partir de 2020. Un geste sans doute en vue des prochaines élections municipales, que réclamaient les dirigeants de droite du conseil départemental. Cependant la recentralisation du RSA sera sans effet rétroactif pour toutes les années où son paiement a contribué à réduire de dizaines de millions le budget de cette collectivité, la privant d’autant de moyens pour venir en aide aux plus nécessiteux.
Quant aux travailleurs et aux chômeurs, Macron n’a naturellement affiché que mépris pour eux. Les répliques provocatrices ont fusé : à propos de l’appel de l’intersyndicale, « ce n’est pas une grève générale » ; sur les échauffourées au Port et au Chaudron, « des éléments violents ultraminoritaires pas plus représentatifs que les quelques centaines de manifestants qui ont défilé à l’appel des syndicats ». Les jeunes du quartier ouvrier des Camélias à Saint-Denis, il les a accusés de « venir faire leur show » quand ces jeunes, au chômage ou galérant dans des contrats précaires, lui ont déclaré qu’ils n’attendaient rien de lui et ne croyaient plus aux promesses des politiciens.
Depuis deux ans que Macron est à l’Élysée, le nombre de chômeurs n’a cessé d’augmenter à La Réunion. Il en porte, avec les patrons, l’entière responsabilité, lui qui a supprimé des dizaines de milliers d’emplois aidés dans les communes et a contribué à faciliter les licenciements avec sa loi travail et le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif.
Les patrons ont gardé pour eux les millions d’euros qu’ils n’ont plus à verser suite aux exonérations de cotisations sociales et d’impôts sur les sociétés que Macron et ses prédécesseurs leur ont généreusement attribuées. Ils ne s’en sont pas servi pour embaucher, mais pour s’enrichir.
C’est la même chose pour les prix, que les aides de la région et de l’État aux importateurs et à la grande distribution n’ont pas fait baisser.
Les travailleurs, les chômeurs, les retraités pauvres, la jeunesse délaissée des quartiers populaires, ont pu vérifier combien il les méprisait, et qu’il prenait fait et cause pour leurs pires exploiteurs. L’amélioration de leur sort ne dépendra que de leur capacité à mener le combat contre un pouvoir qui les opprime.