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- Lutte ouvrière n°2326
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Groupe Renault : Satisfait des résultats financiers 2012, Ghosn veut toujours faire payer les salariés
Le 15 février, comme bien d'autres capitalistes du CAC 40, Renault annonçait par la voix arrogante de son PDG, Carlos Ghosn, que « dans un contexte particulièrement difficile en Europe, le groupe pouvait se targuer d'un situation financière saine ».
« Saine » ou pas, c'est une autre histoire. En tout cas les bénéfices de Renault sont, malgré ce que pouvaient laisser croire des pleurs réguliers destinés à émouvoir Bercy et à préparer des mauvais coups contre les salariés, largement avantageux. Outre un bénéfice net de 1,73 milliard, Ghosn annonce que le groupe s'est désendetté et dispose même de 1,5 milliard de « liquidités », comme disent les experts en spéculation, qui viendront, gageons-le, s'agréger aux quelque 13 milliards déjà dans les caisses. Et tout cela, malgré une baisse du chiffre d'affaires...
Pour faire accepter des sacrifices aux salariés le PDG s'est déclaré prêt à sacrifier une part ridicule de sa confortable rémunération. Mais à condition que l'accord dit de compétitivité, au bas duquel Renault a l'intention de faire signer certains syndicats, soit mené à son terme dans les prochaines semaines.
Cet accord de « compétitivité », des milliers de travailleurs de tous les sites Renault ont montré, ces dernières semaines, par des débrayages souvent massifs, qu'ils n'en voulaient pas. Et pour cause : outre les 8 200 postes à supprimer, Renault entend augmenter la durée du travail de 17, 20 ou 21 jours selon les usines, « mutualiser » les dépanneurs, formateurs, employés amenés à se déplacer sur plusieurs sites, et bloquer pratiquement les salaires pendant trois ans.
Devant l'importance du mécontentement, la direction s'est sentie obligée de reculer au moins sur l'aspect obligatoire qu'elle entendait donner à la mobilité inter-usines des travailleurs, censée lui permettre d'adapter les effectifs à sa production. Et qui aurait fait les frais de cette commodité ? Les travailleurs, déplacés à 100 ou 150 kilomètres de chez eux sans indemnité, et contraints à des journées ou des semaines épuisantes.
Ce premier recul de la direction était un résultat des mobilisations. Mais le reste du plan de régression de Renault restait programmé et, le 20 février, des débrayages ont réuni encore des centaines de travailleurs, toujours pas d'accord, en particulier à Flins, au Mans, à la Sovab Batilly et à Cléon.
De toute façon, signé ou pas, ce plan de la direction n'engagera qu'elle et, lorsqu'elle essaiera de le faire appliquer, il n'est pas certain qu'elle parvienne à jubiler comme l'a fait Carlos Ghosn en vantant ses résultats.