Assises contre le harcèlement à l'école : Le ministre Chatel entre banalités et provocation04/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2231.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Leur société

Assises contre le harcèlement à l'école : Le ministre Chatel entre banalités et provocation

« Comment, dans ce lieu de transmission, de compréhension, d'ouverture, n'a-t-on pas pu appréhender les violences répétées dont étaient victimes certains élèves ? » Lors des Assises nationales contre le harcèlement à l'école, qui se sont tenues les 2 et 3 mai, Luc Chatel, le ministre de l'Éducation, n'a pas eu peur de la grandiloquence, assaisonnée d'une petite pointe accusatrice qui ne contribuera pas à le réconcilier avec les enseignants.

Et, pour lutter contre ce fléau, qu'a-t-il annoncé ? Une campagne d'information, un numéro d'urgence pour les victimes, un guide à distribuer dans les écoles, l'obligation pour les enseignants de faire de la lutte contre le harcèlement un objectif prioritaire de leur enseignement, la fermeture des comptes Facebook des élèves convaincus de harcèlement sur Internet. Et, pour les futurs enseignants, une formation lors de leurs études supérieures, alors que le ministre, qui a supprimé les instituts de formation (IUFM), les expédie directement devant les élèves.

C'est non seulement se payer de mots, mais se payer la tête du personnel de l'Éducation, en même temps que celle des élèves et des parents.

La violence à l'école est un problème réel. Le rapport remis au ministre sur le sujet rappelle que 10 % des écoliers se plaignent de harcèlement physique et verbal et que l'impact sur leur scolarité et leur développement personnel est plus profond que ce que l'on imaginait auparavant. Il en analyse les causes, qui sont multiples : facteurs sociaux, économiques, familiaux, mais aussi liés à l'école. Il préconise, ce qui n'a rien d'extraordinaire, l'écoute et l'information des élèves, des parents, la formation de tout le personnel de l'Éducation, en particulier les membres des Rased (réseaux d'aides spécialisée aux élèves en difficulté), les infirmières et médecins scolaires.

Le ministre a déclaré : « À ceux qui opposeront ce discours volontariste [de lutte contre la violence] à la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, je répondrai : l'enjeu ne relève pas de la question des postes ; il relève de l'engagement de chacun, d'une mobilisation générale. »

Eh bien non, être à l'écoute des enfants ou des adolescents et de leurs familles, cela nécessite du personnel suffisamment nombreux et formé, des infirmières, des médecins, des assistants sociaux. Prévenir les agressions, cela signifie aussi augmenter l'encadrement adulte dans les établissements scolaires et l'aide aux élèves en difficulté, c'est-à-dire plus de moyens.

Cela ne résoudrait pas tous les problèmes, ceux liés à la violence sociale, ceux qui tiennent à la vie difficile que mènent les enfants des milieux défavorisés. Mais cela permettrait au moins de rendre la vie plus facile en milieu scolaire et le travail des enseignants plus efficace.

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