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Leur société
Bilan de la baisse de la TVA dans la restauration : Demain on mange gratis
Deux ans après la baisse de la TVA pour les cafetiers et restaurateurs, Frédéric Lefèvre, le secrétaire d'État à la Consommation, a reçu leurs représentants jeudi 28 avril pour faire le point avec eux. Il a reconduit les avantages accordés à la profession, et en a même ajouté d'autres, bien que les engagements pris n'aient pas été respectés.
En 2009, en contrepartie d'une baisse de la TVA de 19,6 % à 5,5 %, les restaurateurs avaient fait de belles promesses : l'argent ainsi épargné devait servir à faire baisser les prix, augmenter les salaires et créer 20 000 nouveaux emplois par an, dont la moitié en contrats d'alternance. Deux ans plus tard, on constate que le compte n'y est pas.
Les prix devaient baisser en moyenne de 3 %, en ciblant une dizaine de produits. La baisse n'a été que de 2,15 %, et plus de la moitié des restaurateurs n'ont pas répercuté la baisse de la TVA sur les prix. Les salaires restent toujours aussi bas, même si les pauses ont été intégrées au temps de travail : un salarié de l'hôtellerie-restauration sur cinq fait partie des « travailleurs pauvres », leur revenu étant inférieur de 60 % au revenu médian, à cause surtout des nombreux temps partiels imposés. Quant aux emplois créés, compte tenu que chaque année la profession embauche de toute façon 15 000 nouveaux salariés, leur nombre serait de l'ordre de 3 000 par an, dont la moitié sont des contrats par alternance qui ne coûtent pas bien cher aux patrons, qu'il s'agisse de contrats d'apprentissage payés en-dessous du smic ou de contrats aidés bénéficiant de larges subventions publiques.
Malgré ce maigre bilan, le gouvernement n'envisage pas de revenir sur cette mesure. Les patrons de l'hôtellerie-restauration ont renouvelé leurs promesses - non tenues - de 20 000 embauches par an, mais ils ne s'engagent même plus sur une baisse des prix. Cela a cependant suffi pour satisfaire Lefèvre, qui a fait semblant d'y croire et ose parler de « progrès social ». Il leur a même fait un cadeau supplémentaire en leur accordant la possibilité d'un prêt à taux zéro pour effectuer les investissements obligatoires concernant la sécurité incendie ou l'accès aux handicapés.
Cette baisse de la TVA a essentiellement profité aux patrons de l'hôtellerie-restauration, surtout les plus gros, en augmentant leurs revenus d'au moins 10 % en moyenne, et plus encore pour ceux qui n'ont pas joué le jeu. Elle coûte cher au Trésor public, le manque à gagner étant de 2,4 milliards par an - plus que ce qui est consacré au RSA ! Mais, à un an des élections présidentielles, il n'est pas question de mécontenter une profession dont le gouvernement cherche à s'attirer les faveurs.