Trêve des expulsions locatives : La question du logement reste entière03/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2205.gif.445x577_q85_box-0%2C7%2C174%2C233_crop_detail.png

Leur société

Trêve des expulsions locatives : La question du logement reste entière

Depuis le 30 octobre et jusqu'aux 15 mars prochain, les expulsions de locataires qui, dans la grande majorité, n'arrivent plus à payer leur loyer ne sont plus possibles légalement.

Cela n'empêche pas les expulsions d'exploser le reste de l'année. Ainsi, selon le porte-parole de l'association Droit au logement (DAL), le nombre d'expulsions effectives a doublé en l'espace de vingt ans, pour atteindre le chiffre de 11 000.

Et la situation ne s'améliorera pas, notamment avec la nouvelle loi sur la sécurité intérieure, dont un article devrait permettre aux préfets d'expulser sans décision de justice préalable, et sans obligation de relogement.

Les locataires, surtout les jeunes, les travailleurs pauvres et les retraités sont à la fois victimes du chômage, des bas salaires et de la baisse de leur niveau de vie, mais aussi de la hausse des loyers, favorisée par la flambée des prix de l'immobilier. Beaucoup n'arrivent plus à se loger correctement. La Fondation Abbé-Pierre a d'ailleurs dénombré 3,5 millions de mal-logés cette année.

Face à ce problème du logement, l'État ne fait rien ou presque. Interrogé sur le sujet, le secrétaire d'État au Logement Benoist Apparu a eu le culot d'affirmer que le fond du problème vient du fait que les logements sociaux ne sont pas construits « là où il y en a le plus besoin ». Mais le vrai problème est que le gouvernement, qui a considérablement réduit le budget consacré au logement social, ne construit pas assez de logements de ce type ; il incite même les sociétés HLM à vendre une partie de leur patrimoine, ce qui diminue encore plus le nombre de logements locatifs disponibles.

Même les lois protégeant - un peu - les plus démunis ne sont pas appliquées. Apparu reconnaît lui-même que la loi Dalo, votée en 2007 et qui permet aux familles considérées comme prioritaires de bénéficier d'un logement décent, ne fonctionne pas dans une douzaine de départements. Cela concerne évidemment les zones où l'on rencontre les plus grandes concentrations urbaines, comme l'Ile-de-France. Le gouvernement ne se prive pourtant pas ces temps-ci de rabâcher qu'une fois votée, une loi doit être appliquée !

Le droit à un logement décent est un droit élémentaire. Alors ce n'est pas pendant quelques mois qu'il faut bloquer les expulsions, mais toute l'année. Quant à l'État, qui sait en quelques jours débloquer des milliards pour aider les banques, il aurait les moyens de construire des logements pour l'ensemble de la population. Encore faut-il que, pour lui, l'intérêt des privilégiés ne passe pas avant celui de la population.

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