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- Lutte ouvrière n°2205
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Dans les entreprises
Travail de nuit : Une extension qui reflète celle de l'exploitation
Plusieurs associations regroupant des professionnels de la santé ont rendu public un rapport sur l'extension du travail de nuit, qui expose de nombreux travailleurs à ses effets néfastes.
Ainsi, plus de quatre millions de personnes travaillent la nuit, soit 15,4 % des salariés. Ces chiffres n'ont cessé de progresser depuis vingt ans. L'augmentation est particulièrement sensible pour les femmes. Actuellement, 8,8 % d'entre elles travaillent la nuit, soit 3 % de plus qu'en 1991. Cette évolution a été facilitée par la loi du 9 mai 2001 qui, au nom de l'égalité hommes-femmes, a aboli l'interdiction du travail de nuit pour les femmes dans l'industrie, qui datait du XIXe siècle.
L'impact négatif du travail de nuit pour la santé est pourtant connu : augmentation des risques d'accidents, maladies du système digestif, troubles du sommeil, risques accrus de pathologies cardio-vasculaires. Début 2008, le Centre international de recherche sur le cancer a d'ailleurs classé le travail de nuit posté parmi les agents probablement cancérogènes. On connaît également les dégâts causés par ces horaires sur la vie familiale et sociale.
On peut comprendre que le travail de nuit soit nécessaire dans certains services utiles à la collectivité, comme dans les hôpitaux ou les transports publics, voire dans certaines installations industrielles qui ne peuvent s'arrêter, comme dans la chimie ou les fonderies. Il devrait d'ailleurs, dans ce cas, être limité dans le temps et s'accompagner de compensations significatives en termes de temps de travail.
Mais l'extension actuelle du travail de nuit n'a rien à voir avec cela. Ce phénomène s'explique seulement par la volonté du patronat de rentabiliser les équipements et les investissements. Quant aux travailleurs, ils n'ont guère le choix, du fait de la situation de l'emploi et des bas salaires.
Le travail de nuit dans l'industrie n'a, sauf là où il est strictement indispensable, aucune justification sociale. Il faut donc imposer son interdiction.