Le déficit de la SNCF : Un prétexte pour réduire personnel et service public08/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2175.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le déficit de la SNCF : Un prétexte pour réduire personnel et service public

Fin mars, la SNCF a annoncé que l'année 2009 se soldait par une perte de 980 millions d'euros, alors qu'en 2008 elle avait fait 721 millions de bénéfices. La direction de l'entreprise publique déclare par la voix de ses responsables que, la situation économique étant mauvaise, il faudra enrayer la « lente dégradation de nos marges », liée à « une hausse des charges », c'est-à-dire toujours et encore faire des économies aux dépens du personnel et des usagers.

En matière de hausse des charges, la SNCF pointe l'augmentation des péages exigés auprès d'elle par RFF, détenteur des voies et faisant payer un droit de circulation. Ces péages ont augmenté de 5 %. Elle cite également l'augmentation de 1,8 % des charges de personnel des TGV. Mais il n'existe aucun moyen de vérifier ces données et ce ne sont certainement pas les embauches ou les augmentations de salaire - nulles les unes comme les autres - qui ont alourdi les charges en question !

Aujourd'hui, le « groupe SNCF » se définit comme « l'un des premiers groupes de mobilité et de logistique au monde », qui en 2010 affichera 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires, totalisera près de 235 000 salariés (dont un peu plus de 100 000 en France) dans 120 pays, avec une activité diversifiée : transport urbain, périurbain, infrastructure ferroviaire, lignes à grande vitesse, transport et logistique des marchandises, gares, etc. Et ce groupe est bien décidé, non pas à améliorer son rôle de service public, mais à se battre efficacement contre la concurrence européenne, qui permet l'introduction de nouvelles sociétés ferroviaires sur le réseau du territoire français. Pour ce faire, comme n'importe quelle entreprise capitaliste, la SNCF place au premier rang de ses préoccupations la recherche de la rentabilité maximum.

Dans ce bilan 2009, la direction SNCF met donc l'accent sur les activités dont elle veut se débarrasser parce qu'elles ne lui permettent pas de faire assez de profit. Elle revient à la charge contre le transport de marchandises par chemin de fer. Le Fret afficherait une perte de 520 millions d'euros (sur le déficit total de 980 millions d'euros). Il est donc question d'abandonner complètement l'activité dite de « wagons isolés » (ayant des destinations diverses, et imposant donc des manoeuvres de triage) pour ne conserver que le trafic impliquant des trains complets de marchandises dont tous les wagons ont la même destination, et de réduire considérablement les effectifs cheminots affectés au Fret. Cet abandon s'effectue de plus en plus au profit du transport par route ou est laissé à des entreprises privées comme Veolia. De même, le trafic voyageurs TGV diminuant, la SNCF menace de fermer certaines lignes non rentables, de façon à compenser le manque à gagner sur les lignes à grande vitesse. Si le gouvernement souhaite qu'il en soit autrement, il lui faudra satisfaire aux demandes d'aides financières de la SNCF.

Quels que soient les chiffres annoncés par la SNCF, invérifiables répétons-le, il n'est pas question de la laisser faire. Il faut empêcher que la situation se dégrade. Pour les cheminots, des embauches sont nécessaires dans tous les secteurs et des augmentations des salaires (bloqués depuis plusieurs années) sont indispensables. Et pour les usagers, le service public que représente le transport par le train à grande ou à moins grande vitesse doit être efficace, confortable et bon marché. Mais pour que de tels choix d'investissement soient imposés à la direction de ce « groupe SNCF », il sera indispensable que cheminots et usagers se mobilisent.

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