Renault-Dacia - Roumanie : Grève pour les salaires27/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2069.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Renault-Dacia - Roumanie : Grève pour les salaires

Lundi 24 mars, des milliers d'ouvriers et ouvrières de l'usine Dacia-Renault de Pitesti, en Roumanie, ont démarré une grève illimitée pour les salaires. Ils exigent une augmentation uniforme de 550 lei par mois (147 euros), ainsi qu'un accroissement des primes de Noël et de Pâques et une participation aux bénéfices de l'entreprise.

Alors que le 14 mars une grève d'avertissement de deux heures avait déjà rassemblé 4 000 travailleurs sur ces revendications, la direction de Dacia a fait la sourde oreille. Elle s'est bornée à proposer, lors des négociations pour la convention collective de travail 2008, une hausse d'environ 102 lei net par mois (27 euros), auxquels s'ajouterait une prime annuelle sur les résultats 2007 d'environ 720 lei (194 euros). La direction donnait aux syndicats jusqu'au 23 mars pour accepter son offre et menaçait de la retirer en cas de grève générale. C'est pourtant la réponse que dix mille travailleurs, sur les 13 000 que compte le site, lui ont assenée.

Achetée en 1999 par Renault, Dacia est actuellement filiale à 99 % du constructeur. L'usine fabrique la Logan, dont les ventes ont augmenté de 17 % en 2007, en particulier vers la France et l'Allemagne. Les profits de Dacia ont dépassé 300 millions d'euros en deux ans, permettant au groupe Renault d'afficher pour 2007 un profit de plus de deux milliards et demi d'euros et de verser aux actionnaires des dividendes en hausse de plus de 29 %.

Cette bonne santé des profits de Renault, les ouvriers de Dacia sont - fort mal - payés pour savoir qu'elle repose sur leur exploitation, comme sur celle de leurs collègues de Renault en France, en Slovénie ou en Espagne, de Nissan au Japon et des salariés des cohortes d'entreprises sous-traitantes. Chez Dacia, les ateliers et la chaîne tournent au maximum de leurs capacités. Les trois équipes produisent actuellement environ 1 300 véhicules par jour, alors que seules 850 Logan sortaient chaque jour de la chaîne il y a un an. La direction de Dacia se vante de ce qu'avec 1 187 lei toutes primes comprises (308 euros), les ouvriers soient " mieux payés que d'autres salariés de l'économie roumaine ". C'est sans doute malheureusement vrai. Mais il n'y a aucune raison pour que les salariés de Dacia ou les travailleurs roumains en général doivent supporter éternellement des bas salaires. D'autant qu'en Roumanie, où l'inflation officielle a atteint 7 % en 2007, les prix grimpent. Certains produits de base, la viande, les produits laitiers, connaissent des tarifs comparables à ceux de l'Europe de l'Ouest, et les loyers s'envolent. L'an dernier, une grève sur les salaires avait déjà été déclenchée, immédiatement déclarée illégale par le tribunal. Cette fois, les travailleurs se sont sentis suffisamment en position de force pour arrêter la production et exiger leur dû.

Renault, comme d'autres constructeurs automobiles, en faisant produire dans des pays à bas salaires, pense avoir trouvé le moyen de faire du profit supplémentaire avec la misère, tout en faisant aux travailleurs de France, d'Allemagne ou d'Italie, le chantage à la délocalisation. La grève des travailleurs de Dacia, comme il y a quelque temps celle de la filiale Fiat en Pologne ou des usines d'autres constructeurs en Russie, montre qu'ils trouveront, là-bas aussi, des travailleurs prêts à se défendre.

C'est la seule bonne réponse à ces grands groupes capitalistes qui voudraient mettre les travailleurs des différents pays en concurrence les uns avec les autres.

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