Aux Chantiers de Saint-Nazaire, trois travailleurs grecs ont entamé une grève de la faim depuis le 14 mars pour obtenir le paiement de leurs salaires de janvier et de février. À leurs réclamations, le 10 février, ils avaient reçu pour toute réponse un licenciement verbal, confirmé par écrit seulement le 17 mars.

Entre-temps ils n'ont rien touché. L'entreprise sous-traitante allemande qui les emploie, Elbe, campe sur ses positions avec le soutien actif des patrons d'Aker-Yards, qui estiment n'avoir pas à intervenir dans ce conflit car, dit-elle, les contrats du droit allemand comportent une période d'essai de six mois. Donc, selon elle, les licenciements intervenus durant cette période sont des ruptures de période d'essai et non des licenciements.

Quant au paiement des horaires de travail effectif la direction des chantiers n'hésite pas à faire circuler des mensonges. Sur la base de 54 heures travaillées par semaine, les travailleurs estiment que la société Elbe leur doit 8 000 euros. Les patrons, eux, n'ont comptabilisé que 44 heures. Finalement, de 700 euros qui leur ont été proposés au début du conflit, on est passé maintenant à 1 900 euros avec le billet d'avion de retour en plus.

Aux chantiers, de plus en plus d'entreprises de sous-traitance étrangères, mais aussi françaises mettent la clef sous la porte du jour au lendemain, comme c'est arrivé il y a trois semaines à 300 travailleurs de l'entreprise ATT, qui se sont retrouvés sur le carreau sans avoir touché leurs salaires depuis deux mois. Et au moment même où les travailleurs grecs entamaient leur grève de la faim, campant à la mairie, 40 Polonais manifestaient également pour réclamer leurs salaires impayés, obtenant que l'entreprise Technav (qui elle-même a sous-traité à VOS) dépendant du groupe Cegelec, les règle en partie seulement avant qu'ils ne repartent dans leur pays.

Ces méthodes deviennent monnaie courante depuis plusieurs années. Le but presque affiché est de peser sur les salaires de tous. Car chaque fois, même quand le problème se règle, les travailleurs ne reçoivent pas tout leur dû. Les patrons sont gagnants à tous les coups et surtout celui d'Aker !

On peut aussi constater la complicité des pouvoirs publics et des patrons. Il y a un mois les patrons d'Aker avaient obtenu en quelques heures la mobilisation des forces de l'ordre pour réprimer violemment les ouvriers des chantiers, en grève pour des augmentations de salaires. En revanche, pour le problème des travailleurs non payés, c'est le silence radio : les patrons peuvent continuer à faire leurs sales affaires !