Comores : Intervention armée avec la complicité de la France27/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2069.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Comores : Intervention armée avec la complicité de la France

Mardi 25 mars, les troupes gouvernementales comoriennes, soutenues par la France qui leur a apporté son aide logistique et aidées par un fort contingent de l'Union africaine, ont débarqué sur l'île d'Anjouan pour démettre le colonel Bacar, président de cette île depuis 2002.

Cette intervention est l'aboutissement, ou peut-être seulement un moment dans les oppositions entre les pouvoirs des différentes îles composant l'Union comorienne : la Grande Comore, Anjouan et Mohéli. Mayotte, la quatrième île de cet archipel situé au nord-ouest de Madagascar, est quant à elle restée française lorsque les trois autres îles ont proclamé leur indépendance en 1975.

La courte histoire de la République comorienne a été jalonnée par de multiples coups d'État, dans lesquels s'illustra à plusieurs reprises le tristement célèbre Bob Denard, mercenaire français disparu il y a peu. Avec vingt-deux coups d'État, les Comores détiennent certainement un record en la matière.

Dans une situation de misère, de corruption, de violence et de répression, certains pouvoirs locaux ont cherché à se détacher du pouvoir central exécré. Ainsi se sont développées des oppositions à caractère séparatiste dans les îles de Mohéli et surtout d'Anjouan, où une majorité de la population afficha un temps son désir d'être rattachée à la France. Le gouvernement comorien, qui a répondu par la force à ces velléités d'indépendance, a été à chaque fois soutenu par la France. En 2000, le gouvernement Chirac-Jospin se rangea derrière les décisions de l'Organisation de l'Unité Africaine imposant un blocus à l'encontre d'Anjouan pour avoir voulu remettre en cause les frontières existantes en se séparant de la République fédérale des Comores. La vie des Anjouanais, privés de tout, devint extrêmement difficile et beaucoup tentèrent à toute force de rejoindre Mayotte, au risque de leur vie.

L'intervention actuelle s'inscrit donc dans cette chaîne d'oppositions et de conflits entre les frêles éléments des couches dirigeantes comoriennes, chacune cherchant à tirer à elle la maigre couverture laissée par le colonialisme français après plus d'un siècle de pillage.

Il est certes aberrant de voir s'instaurer des frontières dans un petit archipel dont le passé des populations a longtemps été commun. Mais il serait tout aussi aberrant d'attendre quoi que ce soit de l'ancienne puissance coloniale, de ses manoeuvres et de son appel à tel ou tel dirigeant. Si un avenir existe pour les Comores, il est plutôt à rechercher dans la coopération que dans la division, et surtout dans un combat commun contre les couches dirigeantes locales qui elles-mêmes se font les relais de l'ancienne puissance coloniale.

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