La Courneuve (93) : Misère et précarité sous l’autoroute17/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1933.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La Courneuve (93) : Misère et précarité sous l’autoroute

Depuis trois mois, à La Courneuve en Seine-Saint-Denis, une soixantaine de Roms vivent dangereusement dans un véritable bidonville au bord de l'autoroute, sous le pont reliant l'A1 à l'A86.

Originaires de Roumanie, ces familles vivent séparées des voitures par un fin grillage vert, dans une trentaine de cabanes faites de planches de bois et de bouts de ferraille, dans la plus grande insalubrité. Au milieu des gravats et des détritus, les Roms survivent sans aucune installation sanitaire, sans électricité et sans eau. Pour rejoindre la ville, hommes, femmes et enfants doivent marcher sur plus d'un kilomètre le long de la bande d'arrêt d'urgence.

Cette situation désespérée n'est malheureusement pas une exception. Du Bourget à Saint-Denis en passant par Choisy-le-Roi, de nombreuses banlieues populaires de la région parisienne ont vu «pousser» de semblables bidonvilles sur des terrains en friches.

Régulièrement expulsés de ces terrains, parfois lors de véritables rafles effectuées à grands renforts de moyens, comme à Choisy fin 2002, où même les enfants de 4 ans avaient été alignés jambes écartées pour être fouillés, les Roms tentent de survivre discrètement dans ces conditions d'un autre âge.

Victimes de discrimination dans leurs pays d'origine, Roumanie mais aussi Slovaquie, Hongrie ou Tchéquie, les Roms tentent leur chance en France, comme bien d'autres candidats à l'immigration, prêts à prendre tous les risques pour fuir la misère. Ils atterrissent souvent dans les villes de banlieue les plus pauvres. Là, pour avoir une petite chance d'accéder à un minimum de soins, de voir installer un robinet ou des toilettes chimiques, voire de scolariser leurs enfants, ils ne peuvent compter que sur la solidarité d'associations locales ou nationales.

Quant à l'État, il laisse les communes, qui souffrent déjà d'un grand manque de moyens, se débrouiller avec ces bidonvilles inhumains. Le gouvernement fait, au mieux, la sourde oreille et, au pire, des interventions plus ou moins musclées et spectaculaires pour chasser les familles des terrains, notamment lorsque ceux-ci sont promis aux appétits des promoteurs immobiliers privés, pour des logements pas vraiment sociaux. Une façon de plaire à l'électorat le plus réactionnaire et de dissimuler un temps la misère, avant qu'elle ne réapparaisse ailleurs, le long d'une autoroute par exemple...

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