Jeudi 11 et vendredi 12août, une grève des bagagistes, conducteurs de bus et employés à l'enregistrement de la compagnie aérienne anglaise British Airways a entièrement paralysé les terminaux1 et 4 de l'aéroport d'Heathrow à Londres. Plusieurs centaines de vols ont été annulés ou détournés sur d'autres aéroports, des dizaines de milliers de voyageurs ont vu leur voyage ainsi perturbé.

Cette grève d'environ un millier de travailleurs de British Airways s'est déclenchée en solidarité avec les salariés de l'entreprise Gate Gourmet, prestataire qui fournit les repas servis à bord des avions de British Airways. Cela fait plusieurs mois que cette entreprise sous-traitante, sous prétexte de pertes financières, a décidé de «réduire ses coûts d'exploitation»; bel euphémisme pour parler de réduction des salaires, licenciements d'un côté et aggravation des conditions de travail de l'autre, etc. Au 1erjuillet, la direction a modifié le système de couverture sociale, entraînant une augmentation très importante des cotisations. De nombreux travailleurs, devant l'impossibilité de payer, se sont retrouvés sans couverture sociale.

Selon les informations rapportées dans la presse, les travailleurs de Gate Gourmet tentaient de résister à toutes ces attaques. La pression est montée d'un cran lorsque les salariés se sont rendu compte que, en même temps que la direction parlait de licenciements, elle embauchait sur l'aéroport 120 travailleurs intérimaires. Enfin, profitant de l'organisation d'une assemblée générale des travailleurs, mercredi 10 août, elle a annoncé le licenciement d'environ 800 salariés sur les 1800 embauchés de l'aéroport. Les travailleurs, rassemblés à la cantine, ont été entourés par des agents de sécurité et sommés, par mégaphone, de prendre le travail dans les trois minutes sous peine de licenciement immédiat. Les travailleurs ayant refusé, la direction a commencé à distribuer les lettres de licenciement. Le coup était sans doute préparé depuis plusieurs jours puisque les lettres étaient prêtes, traduites dans quatre langues, l'entreprise embauchant de nombreux travailleurs originaires de pays d'Asie; certains licenciés n'étaient même pas présents car en congé maladie ou maternité. Puis la direction a posé comme ultimatum aux licenciés de signer un nouveau contrat de travail, aux conditions encore plus dégradées, ou de perdre réellement leur emploi. La signature du nouveau contrat devant se faire immédiatement, à l'embauche du jeudi 11août.

British Airways a tenté de se donner le beau rôle auprès de ses voyageurs en expliquant qu'elle n'était pour rien dans ce conflit, qu'il s'agissait d'une autre entreprise... tout en se gardant d'expliquer que c'est elle qui a externalisé, il y a quelques années, le service des plateaux repas; c'est aussi elle qui a fait pression encore récemment sur Gate Gourmet pour réduire le prix des repas et renégocier les conditions de leur contrat. À charge pour Gate Gourmet de récupérer ces économies de coûts sur le dos des travailleurs.

Mais la réaction de solidarité des travailleurs de British Airways avec ceux de Gate Gourmet, dont certains sont des anciens de British Airways effectuant le même travail qu'avant l'externalisation, donne du fil à retordre aux patrons des deux compagnies. La direction de Gate Gourmet a commencé à reculer en annonçant qu'elle revenait à son ancien système de couverture sociale et que tous les travailleurs non couverts depuis le 1erjuillet le seraient de nouveau. Les travailleurs de British Airways n'ont repris le travail vendredi 12août au soir qu'après avoir eu l'assurance que Gate Gourmet rouvrait des discussions avec ses travailleurs.

L'affaire n'est certainement pas réglée, mais en réagissant de façon solidaire, les travailleurs des deux entreprises ont marqué des points contre ces patrons qui se servent de la sous-traitance à tout va comme d'un moyen pour traiter leurs ouvriers comme des esclaves.