- Accueil
- Lutte ouvrière n°1933
- Sidérurgie lorraine : Mais où est donc passée la crise?
Dans les entreprises
Sidérurgie lorraine : Mais où est donc passée la crise?
Après avoir multiplié par neuf ses bénéfices en 2004, Arcelor, numéro deux mondial de l'acier, vient encore de les multiplier par deux au premier semestre 2005: 1,94 milliard d'euros. Le numéro un lui aussi, Mittal Steel, se porte comme un charme. Ses bénéfices ont été multipliés par quatre l'an dernier et Lakshmi Mittal, son propriétaire, est devenu la troisièmefortune de la planète.
Tout va donc pour le mieux pour les rois de l'acier, et il n'y a plus trace de la prétendue crise de la sidérurgie qui, pendant trente ans, revenait comme les champignons après la pluie. Elle avait en fait permis de justifier les licenciements et les aides massives de l'État aux maîtres de forges qui sont allés investir leurs capitaux ailleurs.
Exit la crise, la sidérurgie est redevenue largement bénéficiaire, sans que cela freine les suppressions d'emplois. Mittal a annoncé vouloir liquider le quart de ses effectifs au niveau mondial, tandis qu'Arcelor, lui, par la bouche d'un dirigeant cité par Le Républicain Lorrain, explique: «Nous devons réussir le challenge de la réduction des coûts»; et derrière les «réductions des coûts» il y a toujours des suppressions d'emplois.
Plusieurs installations d'Arcelor sont ainsi en cours de fermeture: les hauts fourneaux de Brême en Allemagne en 2006, puis ceux de Liège en Belgique et ceux de Florange -les derniers de Lorraine- d'ici 2009-2010.
Quant aux aides de l'État, elles n'ont jamais cessé. Seuls leurs noms changent. Elles prennent aujourd'hui pour prétexte les «pôles de compétitivité», qui verront affluer 1,5 milliard d'euros sous forme d'aides directes et d'exonérations fiscales et sociales accordées à des projets regroupant des industriels et des centres de recherche.
En Lorraine, un pôle de compétitivité, baptisé MIPI pour matériaux innovants produits intelligents (!), a été agréé par les pouvoirs publics. Les principaux bénéficiaires en seront Arcelor, Mittal et Saint-Gobain.
Ces subventions ont fait l'unanimité de la gauche et de la droite dans la région. Le président PS du Conseil régional en a même rajouté: il vient d'écrire à Villepin pour exiger que le pôle de compétitivité lorrain soit classé à «vocation mondiale» plutôt qu'à «vocation nationale». Histoire de subventionner un peu plus Arcelor, Mittal et quelques autres!