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Dans le monde
Algérie : L'assassinat d'Abdelkader Hachani
Le 22 novembre Abdelkader Hachani, l'un des principaux dirigeants du FIS, a été assassiné à Alger. Arrêté quelques jours après le coup d'Etat de janvier 1992, il avait été libéré il y a plus de deux ans et avait pris une position plus critique à l'égard de la loi de " concorde nationale " de Bouteflika que d'autres dirigeants du FIS comme Rabah Kébir ou Abassi Madani. Déclarant que cette " concorde nationale " était insuffisante, il avait demandé la libération de tous les leaders du FIS et posé le problème de la relégalisation du FIS, éventuellement sous une autre forme et sous un autre sigle.
Son assassinat peut correspondre aux intérêts de milieux politiques bien différents. Il peut avoir été commandité par des " durs " de l'armée comme il peut l'avoir été par des chefs du GIA opposés à l'abandon de la lutte armée. Il peut viser à bloquer toute perspective de relégalisation du FIS en liquidant l'un des interlocuteurs possibles du pouvoir sur ce terrain. Il peut s'incrire dans une politique visant à saboter l'application de la loi de concorde nationale qui de toute façon n'a pas les résultats escomptés par Bouteflika.
En tout cas, depuis quelques semaines, les attentats, les massacres de populations civiles, les embuscades contre des militaires ou des forces de sécurité se sont multipliés. Le GIA d'Antar Zouabri et le GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat - dissidence du GIA) de Hassan Hattab, tentent ainsi de faire capoter la loi de concorde nationale. Les attentats pourraient se multiplier dans les semaines qui viennent à l'occasion du mois de ramadan qui est chaque année un temps fort pour les groupes islamiques.
Il semble que cette loi rencontre un succès mitigé. D'après les chiffres officiels, les redditions auraient dépassé les 1 200, depuis le 13 juillet, date de sa promulgation. Mais ce chiffre serait sensiblement gonflé. Et ceux qui se seraient rendus jusqu'à présent seraient plutôt des terroristes ou des groupes du GIA peu actifs ou inactifs. La loi arrive à terme le 13 janvier 2000 et elle pourrait se solder par un échec ou un demi-échec qui risque d'entamer le prestige et la popularité de Bouteflika et de réduire sa marge de manoeuvre à l'égard de l'armée.
L'objectif de Bouteflika, le retour à la stabilité politique, nécessaire à l'arrivée des investissements étrangers pourrait donc bien se faire encore attendre. Bouteflika a beau multiplier les initiatives diplomatiques afin d'attirer des investisseurs, ceux-ci font la fine bouche. Au mieux, ils sont à la recherche d'un réseau de distribution en Algérie. C'est d'ailleurs le même objectif, la recherche d'un marché qui est l'objectif des dirigeants de l'Union Européenne dans les négociations qui doivent reprendre en vue d'un accord d'association entre l'Algérie et l'Union Européenne. Mais alors que l'Union Européenne fait pression pour obtenir tout simplement le démantèlement des barrières douanières de l'Algérie, les dirigeants algériens voudraient en contrepartie une reprise des investissements étrangers dans leur pays.
Pendant ce temps, la misère continue de s'accroître. Près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le CNES (Conseil national économique et social, un organisme d'Etat) vient d'annoncer qu'un million d'enfants algériens souffrent de malnutrition. Voilà ce qui se cache derrière tous les discours sur la paix et la stabilité retrouvées !